Ah ça ! Tout comme le premier, il est beau ! Suffisamment beau pour qu’on
se laisse emporter par le film pendant 3 heures. Mais grands dieux,
tout comme le premier, que c’est niais !
Avec en plus, franchement, un brin de taquinage de margoulette, Cameron
nous offrant un pot-pourri de ses précédentes soupes cinématographique :
prenez du Abyss (du bleu, beaucoup de bleu), mêlez-y du Rambo 2 (des
flèches contre des hélicos), les marines coloniaux de chez Alien
(ressemblant plus à la milice Wagner qu’à des Marines mais bon), du
Terminator et même du Titanic avec un bateau qui coule. Et voilà !
Du coup, mon billet sur le premier volet reste d’actualité. Cadeau bonus du film :
« Avatar » le premier navet en 3D (un navet des Na’vis)
Ma frangine est taquine. Elle m’a offert « Avatar » en DVD, l’édition
collector, spécial fêtes de noël. Elle a beau savoir que le fan de James
Cameron, que je suis, a détesté ce film, elle me l’a tout de même
offert, soi-disant pour les bonus. Ça tombe bien, il en manquait un, de
bonus, mon avis sur ce nanar. Le voici.
En effet, il se trouve que je suis un fan de James Cameron. J’ai
apprécié tous ses films. Aussi bien cette comédie peplumesque qu’est «
True Lies », ses bijoux de science fiction que sont Terminator, Alien 2
et Abyss, ou encore ce monument du cinéma lacrymal qu’est Titanic. Je
l’ai vu 7 fois au cinéma et une dizaine de fois en vidéo, chialant
systématiquement lors des génériques de fin tel un iceberg posé en plein
Sahara. Exit donc toute suspicion d’anticameronisme primaire. Ce n’est
pas le genre de la maison. D’où d’ailleurs l’ampleur de la déception.
C’est qu’au-delà de l’expérience, ma foi, fort sympathique, de
l’immersion dans de la réelle 3D, après un quart d’heure de projection,
j’ai commencé à m’ennuyer sévère, à craindre le pire, puis enfin à
m’énerver, finissant par conclure qu’Avatar est malheureusement le
premier navet en 3D. Non mais qu’est-ce donc que ce scénario à la
Twister (ceux qui ont vu ce film comprendront l’allusion) ?
Des gentils indigènes qui vivent dans une communion aussi gentille que
totale avec une très gentille planète jusqu’au jour où des vilains
humains décident d’y atterrir afin de prendre possession d’un minerai
très rare dont le plus gros gisement se situe pile poil sous le colossal
baobab-maison, au pollen hallucinogène, de nos elfes de l’espace.
Des bons sauvages pas si écolos que ça puisqu’ils soumettent les espèces
animales dont ils ont besoin, à leur emprise psychique via une espèce
de natte-USB. Et que l’on ne me parle pas d’osmose. On voit bien que les
dragons ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes après leur connexion à
l’indigène. Au moins, nous autres humains, lorsque nous montons à
cheval, nous courrons le risque de nous voir désarçonnés si d’aventure
nous nous montrons incapables de sentir le changement d’humeur de notre
monture. Écologie à deux balles donc.
Ce qui est toutefois moins grave que ce paternalisme dont empeste le
film. Je vous sens surpris. Il est pourtant évident. Voit-on nos braves
Na’vis se rebeller et se libérer tous seuls ? Non ! Il faut que le
gentil humain de la bande de vilains humains vienne à leur secours,
devienne leur chef pour que les habitants de cette planète aient un
avenir. Quelle condescendance sous couvert de grandeur d’âme.
Moralité, le résultat s’avère plus vilain que ce que les gentilles
prétentions du réalisateur voulait produire. De façon involontaire bien
sûr, car de façon consciente et scénaristique, je lui reproche également
d’avoir fait des humains, des vilains de bac à sable.
Drôle d’idée que celle d’envoyer des exosociologues pour tenter de
comprendre et d’amadouer l’indigène afin qu’il accepte de quitter son
arbre, puis, faute d’avoir réussi par le biais de la diplomatie, de
raser la forêt de façon aussi primitive que brutale ? C’est que nous
sommes dans le futur, il me semble. Aussi, pourquoi ne pas avoir fait
dans le futuriste.
Vois-tu, mon bon Cameron, personnellement, après une petite mission
exobiologique, menée juste par curiosité intellectuelle, mais aussi le
temps de mettre au point mon arme secrète dans mes laboratoires maison,
j’aurais déversé dans la forêt sacrée de ces schtroumfs géants, une
variété modifiée de termite particulièrement vorace. Résultat garanti.
Celle-ci m’aurait digéré toute cette cellulose en moins de temps qu’il
faut pour faire pousser des orties. Ensuite, ni vu, ni connu, je
t’embrouille, je faisais passer cette calamité pour une malédiction et
me serais posé en sauveur auprès de nos sauvages, leur promettant des
plants OGM de leur forêt, capables de résister aux termites, qu’ils
auraient obtenu en échange du précieux minerai. Même plus besoin
d’importer des cons de soldats susceptibles de tomber amoureux des
filles du coin. J’aurais exploité, à moindre coût, la main d’œuvre
locale. Ah, ah, ah, ça c’est se montrer humainement diabolique. Sûrement
pas comme se le représente l’auteur de ce navet. Quel nul !
Au final, voilà un film non pas pour grands enfants mais pour bébés
géants englués jusqu’à ce qui leur reste de cordon ombilical dans une
sorte de stade méta-œdipien, où l’on rêve de fusion éternelle avec la
grande maman. Pour preuve supplémentaire, évoquons la scène d’amour.
J’ai passé tout le film à craindre le moment où nos grands benêts
décideraient de jouer à zizi dans le pilou-pilou. C’est que je ne
voulais pas assister à une quelconque forme de pornographie infantile.
Après tout, malgré leur taille, l’âge mental de nos deux héroïques
tourtereaux me paraissait incompatible avec une telle séquence. « Ouf »,
me suis-je dit lorsque celle-ci arriva. Nous avons eu droit à une
gentille partie de touche-pipi. Coupez, elle est bonne !
Les cahiers du SILnéma
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