En matière de relations toxiques « narcissiques », deux films :
- Le récent « l’Amour et les Forêts », ou quand le « bovarysme » d’une prof de lettres rencontre le « narcissisme » d’un employé de banque. Très bien interprété par Virginie Efira et Melvil Pourpaud, ce film n’en pèche pas moins par des aspects brouillons, incohérents, une esthétique un brin « vieille France », et surtout il décrit de façon insuffisante la mécanique de l’emprise narcissique.
- Le magistral « Mon Roi » de Maïwenn, sorti en 2015, et disponible actuellement sur Netflix. Outre le bon scénario de Maïwenn et les excellentissimes interprétations de Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot, tout y est en matière de description de la mécanique narcissique :
1) Du côté prédateur : le love-bombing, la mégalomanie, la mythomanie, les manipulations, le gaslighing, l’objectification
de l’autre, les montagnes-russes-
2) Du côté proie : l’intelligence et sensibilité, mais aussi le besoin de reconnaissance, d’amour et d’intensité, le manque de confiance en soi ou les failles dans l’estime de soi, la dépendance affective, l’empathie, la culpabilisation, le désir de sauver l’autre, l’impuissance de l’individu comme de son entourage, le syndrome du hamster mis en cage tournant dans sa roue, les illusions dont on se berce malgré les multiples red-flags, l’instinct et les évidences qui alertent...
En guise de point supplémentaire pour « l’Amour et les Forêts », le final est plus positif que celui de « Mon Roi ». Toutefois le final proposé par Maïwenn illustre là encore parfaitement bien les difficultés propres à ce genre d’emprise, les victimes de ces « vampires de l’âme » ayant le plus grand mal à s’extirper de leurs crocs et griffes.
Ne reste plus qu’à proposer des films équivalents sur la mécanique narcissique féminine puisque qu’il existe autant de parasites « narcissiques » féminins que masculins…
A ce sujet, question chiffres, les maladies-du-narcissisme touchent plus de 3% de la population. Mine de rien, cela fait 2 millions de narcissiques plus ou moins pervers et dangereux (il existe des degrés d’intensité dans la maladie) en circulation rien que chez nous en France. Présents dans tous les milieux, même s’ils aiment à évoluer dans les milieux d’influence et de pouvoir, ces gens particulièrement destructeurs, au cours de leur vie, feront en moyenne trois victimes graves, sans oublier les autres plus légères, victimes qui garderont à vie de très sévères séquelles psychologiques (à commencer par les enfants qui auront grandi au contact de ces grands malades).
Si dans la même catégorie de troubles de la personnalité (le cluster B), on ajoute aux narcissiques, 3% de Borderlines et 3% d’histrioniques, certes moins dangereux, mais pas mal ravagés et ravageurs, eux-aussi, la mise en lumière de ces pathologies, devenues l’une des épidémies de notre siècle, est une impérieuse nécessité…
Les cahiers du SILnéma
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