mercredi 11 avril 2007

BIDIBULLES FINANCIERES : LE NOEL DE FORGEARD


Chers passagers en partance pour l’ANPE, à bord de nos charrettes Airbus, votre commandant de bord vous souhaite un bon voyage. Afin de vous rendre celui-ci plus agréable, Votre commandant vous propose un petit texte de sa composition puisque vos misères l’ont inspiré. C’est formidable l’inspiration ! En effet, chers licenciés, votre heure est grave, il s’agit d’en rire. Alors rions un peu. Je suis sûr qu'on peut y arriver. Cependant comme il est d’usage pour moi lors de mes ascensions ou des descentes pour vous, nous irons par paliers. Avant de vous faire rire, je vais commencer par vous réjouir.

En effet alors que mon appareil vire de bord et que vous êtes virés tout court, gnarf, gnarf, réjouissez-vous, bande d’aigris, d’avoir étés dirigés par un PDG muni d’un tel flair. Figurez vous que sans le moindre radar, il a su prendre ses options, juste avant le trou d’air qui s’annonçait et partir ainsi avec 3 millions d’euros de plus values. Ça c’est du pilotage de haut vol, à l’ancienne. Forgeard est un chevalier du ciel, un As du manche, vous dis-je ! Formidable !

N’oubliez pas également tas d’exécutants que c’est grâce à lui qu’Airbus a dépassé Boeing, que l’A380 fut mis en chantier et que l’activité de l’entreprise, donc la vôtre, a pu croître. Un vrai pilote d’essai vous redis-je ! Aussi point de critique démagogique sur son salaire ou à celui des patrons en général. Qui dit hautes responsabilités, dit hautes rémunérations. La limitation de celles-ci n’est qu’un truc de jaloux. Non seulement ce n’est pas mon genre, mais je suis même assez content que le capitalisme cherche à me faire rêver. Je sais que je vais encore faire mon original mais dans un système comme le nôtre c’est à la fiscalité d’établir la justice sociale et non à une quelconque limitation des salaires, imposée par oukase. Mais voilà que j’entends du tumulte depuis ma cabine de pilotage. Vous n’approuvez pas ? Dites-moi bande de frustrés, en quoi ça peut vous gêner qu’un patron gagne 1, 2, 10 ou même 100 millions puisque par la fiscalité, en principe, c’est plus de la moitié de cette somme qui nous reviendrait à tous. Moi ça me va ! Alors je vous entends m’adresser l’argument de l’évasion ou des niches fiscales. En effet c’est aussi un débat qu’il faut mener mais ça ne change rien qu’au fond, ça me va ! Alors réjouissez vous !

Réjouissez vous puisque nous allons tous demander, par esprit de justice sociale, à bénéficier des mêmes conditions de licenciement dont a bénéficié le commandant Forjeard. Ben oui, ce qui devait arriver arriva. Grisé par la vitesse et la hauteur stratosphériques que prenait son destin industriel, il poussa la machine trop vite, trop loin et ce fut le crash, un crash à plusieurs milliards de pertes.

Oh ça va ! pas de moqueries faciles! il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne commettent pas d’erreurs. C’est d’ailleurs assez courant que les meilleurs salariés ou les plus anciens, ça revient un peu au même, se fassent balourdés pour faute grave surtout quand une possibilité de départ pour une toute autre raison, non fautive, puisse se traduire par des indemnités de rupture assez conséquentes. Or là aussi il y a eu faute. Plusieurs milliards de pertes, 10 000 personnes que l’on licencie pour redresser la barre, le fait de se barrer avec 3 millions en stock-options levées juste à temps comme par miracle, cela s’apparente à s’y méprendre à une faute grave voir lourde. Faute professionnelle qui se retrouve sanctionnée de deux ans de salaire en guise d’indemnité de licenciement et du payement d’une prime de non-concurrence, soit 8 millions d’euros pour punition. De quoi voir venir. D’autant plus que cette erreur de pilotage ne l’empêchera pas, je suis prêt à parier, de se voir confier d’autres brillant appareils industriels à piloter. Ça, c’est de la justice sociale comme je l’aime.

Aussi veuillez applaudir, manifester votre joie puisque tous les salariés de France, qui se feront dorénavant licencier pour faute, seront indemnisés de la même manière. Quant aux licenciés pour motif économique, ils bénéficieront de conditions encore plus avantageuses. C’est formidable non ?!?

Comme ce vol nous mènera jusqu’à la fin de l’année, histoire que les négociations autour du Plan Social aboutissent, je me permets de souhaiter dors et déjà un joyeux Noël 2007 à Monsieur Forgear Noël, ainsi qu’à vous tous puisque celui ci ne manquera pas d’être joyeux si la jurisprudence Forgeard se fait valider par toutes les Cours de cassation Sociale ou mieux, se fait codifié dans le Code du Travail.

C’est pas tout ça mais votre commandant a un Plan Social à piloter. Il vous laisse donc à votre phobie de l’avion. Mais pas avant de vous souhaiter un bon voyage, un bon séjour à l’ANPE et en espérant que vous reprendrez notre compagnie.

SIL ancien élève à Top Gun

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