mardi 17 avril 2007

DES GENOCIDES TOUT PARTOUT ?


Il y a de ça quelques temps, j’étrillais mon bon maître Adler sur la question des génocides. Cette éructation synaptique me valu de la part de Monsieur d’Aucun, la critique suivante : « …parce que vous avez aussi un avis sur ces questions peut-être ?»

Monsieur d’Aucun, vous allez rire. J’ai aussi un avis sur ces questions. Contrairement aux cons qui peuvent l’ouvrir sur tout en ne s’intéressant à rien, le jeune imbécile que je suis, pour lire sur tout, pour s’intéresser au Tout, est en mesure de la faire fermer, sur pas mal de sujets, les cons susvisés.

Toutefois comme sur ces questions, tout dénigrement de la victimocratie ou de la bien-pensance, peuvent valoir un procès en dénigrement, afin de mieux me faire entendre des foules affamées, étant donné que je tiens du Christ du côté de ma mère et de Socrate(s) du côté de mon père, en même temps que je multiplierai les pains sur les idées trop reçues ou celles pas assez, je m’exprimerai par une parabole.

Cependant comme il ne s’agira pas pour une fois de faire dans le risible, ni de jouer avec la douleur des victimes quelles qu’elles soient, vous me permettrez cette remarque liminaire. Il ne s’agira en rien de hiérarchiser les douleurs.

La douleur a ceci de particulier que la plus petite écorchure sur le genou de notre crétin de fils ayant joué les Yamakasi nous arrachera toujours de bien plus vives manifestations d’angoisse que le pire des génocides se déroulant juste à côté. C’est comme ça. Par contre le propre d’un système où c’est à la Raison d’accoucher du Droit, se situe dans la hiérarchie qu’il établi dans les crimes comme dans les peines. Homicide involontaire < Homicide volontaire < homicide volontaire avec préméditation < homicide avec actes de barbarie. Et si la douleur des familles est la même quel que soit l’homicide, la hiérarchie restera en Droit. C’est comme ça. Du coup pourquoi il n’en irait pas de même pour les crimes contre l’humanité. Différentes qualifications. Différentes peines. C’est là-dessus que portera ma parabole

Une parabole qui rendra hommage par la même occasion à l’un des peuples premiers, l’un des rares peuples indigènes de l’Europe, qui mérite bien plus de respect et de considération que celui dont il bénéficie aujourd’hui. Même si les manifestations terroristes de certains de ses membres y sont aussi pour quelque chose, dans ce dépit. Imaginons le sort des Basques, de ces « native europeans » dans différentes configurations historique-fiction.

1- Alors que les Basques sont chez eux, depuis des millénaires, nos amis Romains, énervés par leur résistance acharnée, décident de les expulser définitivement du bout de terre qui leur sert d’unique maison. Ceux-ci se dispersent dans tout l’empire, mais comme ils refusent de s’enfoncer dans l’oubli, faute de territoire, maintiennent leur cohésion à travers leur religion. Une religion axée autour de leur croix solaire, de la déesse Mari, d’ancêtres mythiques tels que Aïtor et d’une langue très ancienne.
Imaginons que suite à cette dispersion, ils n’aient fait que vouloir exister, en oeuvrant dans les métiers méprisés par les cultures dominantes, en développant leur savoir ancestral et en servant les Etats dans lesquels ils vivaient, à travers leurs talents et en espérant éviter le plus possibles les pogroms qui ne manquaient pas de se produire régulièrement.
Imaginons, quelques siècles plus tard, que dans un pays où vivent des Basques, un dirigeant voit en ce peuple qui ne demandait qu’à exister, la source de tous les maux de sa Nation à lui, trop lâche pour prendre son destin en main sans victime expiatoire, et décide de les exterminer partout où ses armées iraient.
Quel serait alors le crime de ces Basques ne souhaitant qu’exister, sans exercer leur pouvoir sur qui que ce soit à part eux-mêmes? Aucun ! Et quelle serait la qualification d’un crime contre un tel peuple. Un peuple historique doté d’une culture, d’une identité propre. La qualification de génocide au mobile le plus gratuit qui soit. Existe-t-il des circonstances atténuantes ? Non ! la folie d’un dirigeant n’excuse pas la complicité de toute une Nation.

2- Des Wisigoths, fraîchement descendus de leurs arbres, envahissent l’Europe occidentale. Ils installent progressivement leur pouvoir sur la Gaulle et la péninsule celtibérique, en fondant plusieurs royaumes wisigoths. Ce faisant, pas mal de territoires basques se voient annexés par ces royaumes. Cependant, des Basques résistent et maintiennent en vie, un royaume indépendant à cheval sur une grande partie des Pyrénées.
Des siècles plus tard, un dirigeant nationaliste, appartenant au mouvement « jeune wisigoth » d’Hispanie, décide de mettre en application l’un des plans de son parti nationaliste. Unir tous les wisigoths depuis la vandalousie jusqu’à leur berceau de Germanie. Mais, pour réaliser ce projet, il lui faut mettre fin à ce royaume basque tampon entre tous les wisigoths et surtout à « la menace basque » de l’intérieur. Il s’agit de tous ces Basques qui ont eu pour seul tort, celui de ne pas avoir abandonné leurs terres ancestrales et de vivre sous le joug wisigoth. Après une guerre éclair, il annexe une grande partie de cet Etat tampon et extermine les populations basques présentes sur tous les territoires anciennement conquis et nouvellement annexés. Une résistance farouche ainsi que l’intervention d’une puissance étrangère permet néanmoins le maintien d’un petit Etat basque et ainsi d’éviter l’anéantissement total des Basques. Résistance dont se servira l’empire wisigoth afin de justifier son crime, de parler de complot basque. Double lâcheté ! Comme si la simple volonté d’exister sur ses terres ancestrales était à mettre sur le même plan que des désirs d’empires.
Y a t il génocide ? la volonté d’anéantir est bien là ! Existe t’il des circonstances atténuantes ? les délires de conquêtes propre à l’Humain et la résistance des peuples présents, n’en sont pas ! est-ce pour autant que ce type de génocide est de même nature que le premier décrit ?Est-ce que la volonté d’anéantir une population existante sur un territoire convoité est de même nature que la volonté d’anéantir une population qui Est tout court ? je ne le pense pas. C’est ainsi que l’existence de bien d’autres génocides n’enlève rien à l’unicité de la Shoah. Le seul autre peuple, à ma connaissance, ayant été exterminé juste parce qu’il Est, et dont le drame, le « Porajmos », se rapproche le plus, à la limite, de la « Shoah », étant le peuple Tsigane.
Par contre, en plus de celui des Arméniens, de « l’Aghed », je vois un autre génocide rentrant dans la catégorie ici décrite. Le premier génocide du 20e siècle. Le génocide perpétré par les Allemands, en 1904, en Namibie sur le peuple Héréros parce qu’il refusait de quitter les terres de leurs ancêtres.

3- 1492, les Aztèques débarquent dans le bassin d’Arcachon. Ils trouvent une Europe peuplée de tribus celtes, germaniques, latines et basques qui se battent régulièrement entre elles afin d’accroître leurs territoires et leurs ressources.
Les Aztèques, profitant de leur avancée technologique, de leurs miasmes et de la présence chez ces tribus européennes d’un mythe parlant du retour des Atlantes, s’installent bruyamment en Europe. Après 4 siècles de luttes continuelles, les Aztèques finissent par soumettre les tribus d’Europe, tout en garantissant l’existence des tribus refusant l’assimilation aztèque ou l’exode, dans des territoires que l’on appellera « réserves ». Parmi celles-ci, on trouvera les Basques, réduits à leur réserve des « 7 provinces ».
Y-a-t-il génocide ? Désolé, mais la volonté d’anéantir n’est pas là ! Est-ce pour autant que les millions de morts résultant de ce bilan rend cette activité humaine sympathique ? bien évidemment que non ! Mais telle est l’espèce humaine, telle est son histoire depuis la nuit des temps. S’étendre aux dépens des autres. Installer ses enfants aux dépens de ceux des autres. Dans ce cas-là, les Aztèques et leurs enfants n’auront été que les vainqueurs de l’Histoire et les tribus européennes, basques y compris, les perdants qui donneraient tout ce qui leur reste pour se retrouver à la place des aztèques. Les basques ouvriront d’ailleurs, plus tard, dans leur réserve, en Euskadi, des casinos afin de rejouer leur avenir au black-jack.

4- 2e siècle après Jésus-Christ. Face à la farouche résistance de ces fils de Cro-Magnon, Rome a renoncé à conquérir la Gaulle et la péninsule celtibérique, contrées où les basques sont nombreux. Les populations de ces contrées resteront d’ailleurs dans la tradition latine pour être des bêtes sans âme, recouvertes de poils et sans la moindre culture. Rome s’est reporté vers l’Est, la Germanie et la Slavonie. Cependant afin de mettre en valeur les terres de l’Est, elle a besoin de serfs. Or, à l’Ouest, les basques sont connus pour êtres robustes. Des expéditions sont ainsi fréquemment organisées depuis les ports du Nord de l’Europe romaine afin de capturer des populations basques que leur livrent les barbares celtes de la Gaulle, celtes qui sont souvent en guerre contre les basques. Cette activité portera même le nom de bascage et les serfs de l’empire de Rome celui de Basques. Les marchands d’Orient informés de l’aspect lucratif de cette activité se lanceront eux aussi dans la course à la traite des basques.
Au bout de plusieurs siècles, le résultat voudra qu’en dépit des millions de morts résultants de cette traite, plusieurs millions de descendant de basques se retrouveront présents depuis l’Euskadi jusqu’à l’Oural en passant par la Perse. Descendants qui auront donné vie à bien d’autres formes de basquitude.
Y a t il eut génocide ? Désolé mais je ne vois ni la volonté ni le résultat d’un anéantissement ! Doit-on faire fi de la souffrance de ces populations réduites à l’état d’objets, déshumanisées, enchaînées jusqu’à leur libération ? bien sur que non ! Nous garderons d’ailleurs à jamais dans nos mémoires les complaintes que les serfs et esclaves du monde entier ont de tout temps gémi, la nuit venue.

5- Henri IV de Navarre a gagné. Il a pacifié la France. Pris dans son élan guerrier, il se lance à l’assaut de l’Espagne qu’il conquiert également. Afin d’asseoir son pouvoir, il utilise l’aristocratie basque dont il est certain de la fidélité. Les descendants d’Henri IV poursuivront la même politique de basquisation de la France et de l’Espagne.
Ce faisant, les Basques étendent leur pouvoir. Bien que restant une minorité, ils n’en détiennent pas moins le pouvoir militaire, politique et économique. Les rois sont basques. Les généraux, les officiers et une grande partie de l’armée sont basques. Toutefois avec le temps, les deux royaumes se sont de nouveaux séparés en un royaume d’Espagne et un royaume de France. Cependant de chaque côté, le pouvoir reste aux mains des Basques. Les populations espagnoles et françaises le sentent très bien puisque leurs révoltes sont réprimées et le joug pesant. La haine gronde, sourde, rampante, créatrice de mythes haineux.
Arrive le temps des révolutions. En Espagne, elle échoue. La caste basque se venge. Une répression terrible a lieu, provocant des centaines de milliers de morts. Le Roi et son armée reste basque. En France, par contre, elle réussi. La population française se donne un Roi non-basque. Il s’agit de Louis II dit « le landais ». On assiste à des purges. C’est alors en pleine réorganisation de l’Etat que la mongolfière du Roi français est victime d’un attentat. Les Français accusent les Basques, d’autant plus que des troupes basques s’organisent en Espagne afin d’intervenir en France. Prise de folie, se refusant à voir les basques remonter sur le trône et procéder à des représailles, la population française et son aristocratie naissante décident alors d’exterminer tous les Basques et les Français qui se seraient ralliés à eux. Résultat : une véritable boucherie. Deux millions de Basques sont massacrés sans distinction. Les troupes basques d’Espagne ne réussissant qu’à évacuer les survivants.
Est-ce pour autant un génocide ? je m’interroge. Si la volonté d’anéantir est bien là, tout comme le résultat. Si l’horreur du crime ne peut être niée. Où se trouve l’innocence chez une population minoritaire satisfaite pendant des siècles d’avoir bénéficier de l’oppression d’une majorité ? Où se trouve le caractère unilatéral et propre aux génocides ? Où se trouve la simple volonté d’exister en soi ou sur les terres de ses ancêtres chez ceux qui auront été ici massacrés? Par ailleurs, je sais bien que les démarches génocidaires s’appuient sur de la paranoïa, la rhétorique de l’ennemi intérieur et des soutiens de l’extérieur. Mais que fait-on quand du fantasme, on passe à la réalité des faits. Doit-on le nier pour faire rentrer ce crime là, de force, dans la catégorie des génocides.
Je m’interroge et me dis, à ce jour, que si crime il y a, je vois surtout le fait que les victimes se sont retrouvées du statut de vainqueurs à celui de perdants de l’Histoire. Ils ont joué et ils ont perdu. Ce qui me pousse actuellement à ne pas mettre les victimes de ce crime dans les mêmes catégories que les deux premières. Car si l’on va par là, chaque perdant de l’Histoire pourra bientôt s’ériger en victime et la Révolution française, de par les crimes de sa Terreur, d’une libération pour une majorité opprimée, risquera d’être vue comme le génocide d’une minorité, le génocide de la Noblesse, bien qu’ayant été jugée ennemie de l’intérieur et soutenue de l ‘extérieur.

6- « Basque » désigne en Français, le nom que l’on donne à tous ceux qui portent des lunettes. Or un fou furieux de despote français, formé à l’école marxiste, décide que pour régénérer le Peuple, il faut exterminer tous les basques, tous les porteurs de lunettes puisque symbolisant à la perfection la dégénérescence bourgeoise. Résultat : 1/3 de la population est exterminé. S’agit-il d’un génocide ?
Autant quand on a exterminé les Hereros, les Arméniens, les Juifs, les Tsiganes, je peux me dire que l’on a arraché à l’arbre humain l’une de ses branches, une branche identifiable par une culture, une histoire, une langue, en somme une mémoire que les autres branches maintiendront en vie par le souvenir, histoire que les génocidaires n’aient pas remporté la victoire de l’oubli. Autant si l’on extermine les porteurs de lunettes ou les blondes, j’aurais beaucoup de mal à transmettre la mémoire blonde ou celle des porteurs de lunettes à mes enfants…Je pourrais par contre il est vrai, sans parler de génocide, toujours parler à mes enfants de la folie des Hommes.

En conclusion, forcement provisoire, si toutes ces considérations peuvent paraître dérisoires, voir folles aux yeux des descendants des victimes de tous ces crimes, comme je le disais en introduction, la confusion est tout autant signe de Folie et c’est pour cela que le Droit catégorise, met l’horreur dans des cases pour mieux les juger. Et je serais tenté de dire à mes amis historiens et philosophes, qu’ils gagneraient sans doute à en faire un peu, du Droit. Sans apporter de réponse définitive, ça aide pas mal à donner du sens à toute cette folie.

SIL un peu basque aussi, qui pense à tout ceci depuis qu’à l’âge de 13 ans, âge où il s’est retrouvé avec le cerveau mis à vif à la lecture de « Racines » d’Alex Haley et lors de la découverte de la Shoah, sans oublier les filles et les mangas. « Princesse Sarah » étant le dessin animé qui a le plus contribué à ma conscience sociale…Il fallait bien finir avec un peu de légèreté. Nom de Dieu !

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