mercredi 22 septembre 2010

Bigard et les Reopen 911 : le lâcher de pigeons


L’autre jour, en me rendant dans ma résidence secondaire, la FNAC des Ternes, je suis tombé sur deux militants du « Reopen 911 » qui tractaient. Le Reopen 911 est ce groupuscule de joyeux zozos inspirés par le Thierry Meyssan du réseau Voltaire, prétendant que derrière les événements du 11 septembre se cacheraient des choses étranges, voir même bizarres. Le premier tracteur était accoutré tel un fils de pédagogiste nourrit au sein jusqu’à sa rentrée en 6e, par une mère post-soixante-huitarde qui travaillait ses montées de lait en fumant de la ganja. Le deuxième gugusse avait comme quelque chose de dépressif ou d’illuminé dans le regard. Désolé mais il n’est pas toujours aisé de faire la différence.

Après un bref examen de leur tract et m’être rendu compte qu’il s’agissait là des brillants sherlook-holmes conspirationnistes du Reopen 911, je leur rendis le tract en y glissant une carte d’une proche amie psy et en les encourageant vivement à consulter. Le premier tracteur me sourit avec une banane validant l’hypothèse cannabique. L’un de ces sourires caractéristiques des Jean-Kévin fumant leurs trois biberons de skunk par jour.

Une fois rentré dans ma banlieue, j’ai eu pitié d’eux. Car finalement Thierry Meyssan et ses popotes conspirationnistes n’étaient pas si loin de la vérité. Vérité qu’il est temps de révéler, avec l’aimable autorisation de la NSA, de la CIA, du FBI, du NCIS, du secrétariat d’état à la Défense, de l’ATF, du NTSB, du SIAC, de la DARPA, de CNN, de CBS, de Fox News, de la mafia cubaine, sans oublier le GSI, Le Gouvernement Sioniste Intergalactique.

Au fait, l’aile Ouest du Pentagone n’a été victime ni d’un crash d’avion, ni de celui d’un missile, ni d’un mutant capable de se transformer en bombe nucléaire mais de quelque chose de bien plus simple.

En fait le Pentagone abrite un spatioport secret. Ben ouais quoi, vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi un bâtiment aux proportions aussi massives ne disposait que d’une cour intérieure aussi ridiculement petite, bien à l’abri des regards extérieurs mais avec une forme aussi caractéristique.

Tout simplement parce que cette cour intérieure, bien au centre de ce gigantesque bâtiment, est calibrée pour recevoir des navettes spatiales extra-terrestres d’un type particulier. Celle de nos alliés aux nez crochus, de la planète « Konzpyra-Sion ».

Le protocole d’approche, conçu par les sages de Konzpyra-Sion, prévoit d’ordinaire que la navette se place bien à la verticale de la piste. Or ce jour-là, un malheureux concours de circonstances permit le drame. D’une part, le commandant de la navette avait confié les commandes à un élève stagiaire, Zyrglub L. D’autre part l’habituel aiguilleur au sol, John T, avait été réquisitionné pour aider à la gestion d’un trafic aérien en pleine panique, ce 11 septembre 2001. Il avait donc confié, lui aussi, son poste à un emploi-jeune. Il s’agissait de Johnny D, le fils d’un officier du Pentagone, qui rêvait de devenir aiguilleur du trafique inter-sideral.

Et ce qui devait arriver, arriva. Secondé par l’autre crétin de Johnny, l’autre con de Zyrglub, enclencha le protocole un chouïa à l’Ouest, ce qui provoqua la matérialisation du vaisseau dans l’aile en question.

Voilà, voilà, voilà mon cher Thierry. Te voilà avec de la matière pour un nouveau bouquin ainsi que pour ton site neo-voltairien. Un nouveau succès en perspective, vu toute cette paranoïa ambiante qui permet à nos concitoyens de se draper dans un confortable déni des dangers qui factuellement menacent nos démocraties, alors qu'ils se donnent pourtant la peine de se faire exploser plusieurs fois par jour. Comment qu’il doit trop se retourner dans sa tombe notre bon Voltaire. Grave ! Enfin reconnaissons tout de même que Thierry Meyssan et sa clique pour cliniques y étaient presque. C’est balot n’est-ce pas ? Après tout dans Conspirationniste il y a… Mais vous en saurez plus en lisant un jour mon Roman « THE C.C., The Complet Complot » dont je vous servirai le pitch un de ces quatre.

En parlant de joyeux zozos, il y a un, Jean Marie Bigard, qui me fait décidemment mourir de rire. Normal pour un comique. Parmi tous ces sketchs au sujet du 11 septembre, le meilleur est dans doute celui du « lâcher de pigeons » du 5 septembre 2008, à l’antenne d’Europe 1 pendant l’émission de Laurent Ruquier. Alors que ce dernier devisait des élections nord-américaines avec la fine fleur de la pensée géopolitique française, et plus précisément de l’intention exprimée par John McCain de capturer enfin Ben Laden, notre bourré du Stade de France saisit le Ben Laden au vol pour nous lâcher un magnifique pet conspirationniste.

D’après lui « tous les spécialistes de la Terre » sont d’accord pour dire « que les deux avions (celui qui s'est écrasé sur le Pentagone et le vol 93, écrasé en Pennsylvanie) n'existent pas ! Il n'y a jamais eu d'avion. C'est un mensonge absolument énorme. »(…) « C'est un missile américain qui a frappé le Pentagone ! Ils ont tué eux-mêmes des Américains ! ». Ah ça on peut dire qu’il a « mis le paquet » avec cette nouvelle version de son célèbre sketch « Le parano ». Une forme de suicide, de pigeon. Dis-moi Jean-Marie, « ton psy va (vraiment) mieux ? »


Heureusement qu’il y avait l’excellent Fabrice Eboué pour réagir un chouïa à ce mauvais comique de situation. « Sinon, Jean-Marie, deux trois théories sur le père de l’enfant de Rachida Dati ? ». Les autres restèrent cois ou en rajoutèrent dans le burlesque tel Titoff.

Décidemment certains de mes congénères occidentaux m’étonneront toujours par leur incapacité à savoir dans quels pays ils habitent.

Des pays démocratiques non exempts de petits comploteurs mais connaissant surtout l’alternance ce qui réduit la durée de vie des petits et grands secrets, dotés de partis politiques extrêmement divers, suffisamment opposés en leur sein comme entre eux pour ne pas se faire de cadeaux, avec des assemblées aux larges possibilités de contrôle et d’enquête, des institutions judiciaires plus ou moins indépendantes, des medias particulièrement curieux, des services d’enquêtes infestés de patriotes qui nourrissent la concurrence entre eux voir même la guerre des services…

Et ces jobards voudraient nous faire croire que dans un système politique aussi quantique, aussi pluriel que le nôtre, que tout ce petit monde serait de mèche, se couvrirait mutuellement, laisserait commettre un tel crime de haute trahison sans réagir ; qu’en dehors des conspirationnistes, il n’y aurait personne au sein du système pour hurler sa rage et faire tomber les coupables ; que tout cela pourrait échapper à la justice.

La preuve finale du complot résidant sans doute dans les ventes record des torchons conspirationnistes et dans la liberté d’expression laissée à ces petits génies. Pas si fort que ça finalement nos comploteurs. Mort de rire.

Sérieusement, quand on voit comment a fini un tout petit complot d’écoutes tel que celui du « watergate », celui de la cellule d’écoute de l’Elysée ou encore l’opération « rainbow warrior », permettez-moi de rire sous-cape de vos petits scénarios à la X-files. Moi aussi j’aime les fictions ainsi que les bonnes blagues de Jean-Marie Bigard…

Frère SILas

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