mercredi 19 août 2009

CHAPITRE 7 « WAR ZAO ATAO » (3/5)


Syndicalix leur explique qu’il s’agit d’un ancien gros spéculateur qui expie par ce sort un passé d’exploiteur patenté. Cégétix regarde Syndicalix d’un air désapprobateur. Mauvais Karma ou pas, c’est là également de l’exploitation, chose qu’il condamne. Syndicalix rétorque qu’il n’a pas de leçons à recevoir de quelqu’un qui, si l’on en croit Nationalelectrix, a siphonné une partie du trésor de la fée Électricité par le biais d’un comité d’entreprise écran. La discussion s’envenime, mais Constitutionnix y met fin en rappelant que le temps n’est pas aux vaines disputes. C’est presque la fin de l’après-midi et il faut partir pour Gésocribate.

Cégétix, Contitutionnix et Didactix montent dans le char, suivis bientôt de Syndicaline à qui Syndicalix finit d’expliquer comment utiliser le char. Une fois installés et la destination indiquée au chauffeur, celui-ci démarre en trombe. Le petit diablotin tire le char si vélocement qu’il leur est presque impossible de distinguer la route et le paysage.

Le soir tombe lorsque le diablotin se met à rougir. Syndicaline peste et Didactix lui demande ce qui se passe. Syndicaline lui répond que le diablotin chauffe anormalement et qu’il faudra, selon les consignes données par Syndicalix, s’arrêter bientôt pour le laisser se reposer, mais surtout le faire boire dans un cours d’eau vive, sans quoi il risque de partir en fumée.

Ils ralentissent et se rendent compte qu’ils traversent actuellement un joli village armoricain. Ils ne sont plus très loin de Gésocribate. Sur la place de ce village, ils demandent à un vieil habitant, peu surpris par l’attelage, s’il n’y aurait pas une auberge dans le coin et surtout un cours d’eau vive où le diablotin pourrait se désaltérer. Le villageois leur indique dans une sorte de marmonnement la direction d’une auberge et celle du « gué des lavandières ».

Afin de faire au plus vite, ils se repartissent les taches. Cégétix et Constitutionnix se chargent de prendre des chambres à l’auberge tandis que nos deux amis emmènent le diablotin se désaltérer au « gué des lavandières ».

Didactix et Syndicaline s’approchent de la rivière. Le diablotin le sent et se met à courir comme un damné puis à boire goulûment. Il se redresse satisfait perdant sa rougeur. Mais subitement, il passe du gris habituel au violet, tremblotant de froid et s’écroulant en bavant. Syndicaline et Didactix s’approchent du diablotin et remarquent que sa langue est devenue toute verte. Didactix goûte l’eau. Elle est infecte, acide et avec un goût très prononcé de nitrates. Le diablotin tremble comme un démon en Antarctique. Que vont-ils pouvoir faire pour sauver le diablotin, se demandent nos deux compagnons. Constitutionnix saurait bien quoi faire lui, mais il n’est pas là et le diablotin est intransportable tant il est secoué de spasmes violents.

Syndicaline se propose de le garder pendant que Didactix ira chercher le druide. C’est ainsi qu’il se retrouve à courir dans une pénombre crépusculaire et forestière. Mais Didactix ne fait pas cinq cent mètres que soudain une branche d’arbre le gifle violement. Il s’écroule au sol. Se relevant tout surpris, il se tourne vers l’arbre interrogateur et en colère.

« Bons dieux ! » Se dit-il sans oser bouger le moindre petit doigt. Vert de peur, il ne sait que faire. Un gigantesque serpent au regard étincelant se tient devant lui. Il vient de sortir de derrière l’arbre et le fixe comme une proie, drapé dans deux longues ailes de chauve-souris qu’il déploie lentement comme pour chercher à le saisir. Passée la stupeur et se sentant fait comme un rat, il a un sursaut de conscience qui lui ordonne de déguerpir. Ses jambes recevant enfin l’instruction se mettent furieusement en mouvement. Le serpent le poursuit, se déplaçant comme sur des coussins d’air. Didactix se met alors en mode sanglier traqué, détalant de plus belle. Il se retrouve quelques secondes plus tard, de nouveau, au bord de la rivière, qu’il longe en sprintant lorsque subitement il se retrouve de nouveau par terre. Un autre arbre vient de le gifler. Il se relève non plus apeuré mais furieux.

« C’est quoi cette forêt ! » s’exclame-t-il, tout en sortant de l’une de ses poches un coupe-ongles avec lequel il compte bien, faute de mieux, se défendre du serpent géant. Aussi il se tourne vers l’arbre s’attendant à voir apparaître le saurien. Mais point de saurien. Par contre, sans doute, une vague cousine du serpent en question, se tient devant lui.

Une vieille femme hideuse au possible, vêtue de loques, le regarde avec des yeux verts dont l’éclat semble radioactif. La colère fait place à une première impression de dégoût puis, d’une façon inexplicable, à une curiosité bienveillante.

Que fait-elle là, cette pauvre femme, se demande-t-il. Mais c’est l’apparition qui lui pose cette même question avec une voix de craie rayant un tableau scolaire. Didactix se rappelant qu’il vient d’échapper à un serpent géant et qu’il est chargé de trouver le bon vieux druide, lui répond qu’il doit dénicher un remède contre les eaux de la rivière, qu’il s’excuse mais qu’il n’a pas le temps pour discuter. Il s’apprête à partir quand la vieille dame le saisit par la manche et lui dit qu’elle seule peut guérir son diablotin. Didactix reste coi. Comment est-elle au courant ? Elle le regarde avec insistance. C’est étrange mais il lui semble distinguer derrière ses rides, innombrables comme les creux d’une mer déchaînée, comme un sourire coquin et intéressé.

Didactix lui demande comment est-elle au courant pour le diablotin. Elle ne lui répond pas mais lui dit autre chose qui fait réapparaître sur le visage de Didactix, une expression de dégoût. S’il veut retrouver son diablotin vivant, il lui faudra l’embrasser. Le dégoût disparaît peu à peu. Effectivement, il faut sauver le diablotin. Il leur faut trouver McAfyx et l’épée magique. Il lui faut sauver son frère Caissieràminiprix. Et puis s’il n’y a que ça pour rendre heureuse cette fille de la déesse Solitude, Intêret Général vaut bien un baiser visqueux. Après tout la tendresse est également une richesse qu’il convient de redistribuer.

Aucun commentaire: