jeudi 20 août 2009

CHAPITRE 7 « WAR ZAO ATAO » (2/5)


Tous nos amis ainsi que le reste du cortège arrivent aux abords du village au petit matin. La brume est épaisse. Constitutionnix a tout d’un coup le ventre qui se noue. Il ne comprend pas pourquoi mais une soudaine nausée monte en lui. Il est trop fatigué pour chercher à comprendre. Syndicaline et Didactix mettent tout cela sur le compte de la bataille et de la défaite qui se rappellent sans doute à lui.

Ils s’approchent ainsi du village, cherchant à traverser ce rideau de brume qui refuse de s’ouvrir. La lumière s’y met aussi. L’aube semble recouvrir le village d’un manteau de pudeur. Le Soleil est peu enclin à leur exposer le triste panorama qui s’offre à leurs yeux, maintenant qu’ils sont aux portes d’Intérêt Général.

Constitutionnix vient de rendre. Syndicaline et Didactix sont tout aussi livides. Les ruines des abords du village se jettent à leurs visages. Les pierres sont noires et encore fumantes. Une odeur de soufre les prend à la gorge et leur brûle les yeux. L’horreur est si dense qu’elle stagne à même le sol, refusant de se disperser dans les airs. Les faubourgs d’Intérêt Général ne sont plus que ruines et leurs cœurs, rancœur.

Ils parcourent les rues du village, désertes. Les rescapés, en entendant la colère de nos amis et de la foule qui les suit, sortent de leurs abris de fortune et leur racontent, pendant plusieurs heures, l’assaut mené par la cavalerie de Dark Spéculator. L’un des rescapés a pu arracher, en se défendant, l’une des torcravattes qui pendaient au cou des cavaliers. Il la tient rageusement dans l’un de ses poings. « Ce sont eux ! Ce sont eux qui ont fait ça ! » crie-t-il avant de tendre la torcravatte à Didactix qui l’examine. Au dos de la torcravatte on peut y lire un nom ainsi qu’une série de chiffres qui intriguent Didactix. Il se dit qu’il tirera cela au clair plus tard. Car il vient de se rappeler que son frère Caissieràminiprix n’avait pas pu participer à la bataille suite à une lombalgie provoquée par son travail, et était resté chez lui alité. Il marche de plus en plus vite dans les rues d’Intérêt Général. Ses amis ont du mal à le suivre.

L’immeuble où habite son frère est en ruines lui aussi. Il regarde autour de lui. Rien ! Il descend dans les caves. Toujours rien ! Il interroge les voisins. Aucune trace de son frère. Frénétiquement il cherche longuement tout indice en mesure de l’aider. Il tombe finalement sur la gardienne de l’immeuble, qui avait trouvé refuge dans un local à poubelles.

« Madame Poilauxcanines, avez-vous vu mon frère ? » demande Didactix.
Madame Poilauxcanines répond avec son accent de gardienne lusitanienne « Jou l’ai vou se faire attraper par lou’ch méchantes cavaleiros. Ils ont agité oun collier devant les yeu’ch de votre frayre en racountant des chowses bizarre’ch. Et puis votre frayre les a suivi’ch sans rien dire ». C’était la goutte qui faisait déborder l’amphore.

Syndicaline, Constitutionnix et Didactix entrent en fureur. Leurs veines ne charrient plus que colère, leur bile tourne vinaigre, leurs tempes se font tambours, leurs yeux coupes de sang. Leurs cordes vocales noués sonnent le tocsin. Leur ventre se fait bronze et l’ire y résonne de toute part, se répandant en secouant de vibrations toute l’assemblée dépitée qui se rassemble autour d’eux.

L’arme, l’épée magique. Il leur faut l’épée magique, et vite. Il leur faut être à Gésocribate, et très vite. Syndicalix qui se trouve à leurs côtés et qui bout tout autant, propose à nos trois amis de leur prêter son char magique en même temps que Cégétix se porte volontaire pour les accompagner dans la quête de l’épée. Il pense connaître son mystérieux nom et par conséquent le moyen de libérer son pouvoir. Didactix, Syndicaline et Constitutionnix acceptent bien volontiers cette aide.

Syndicalix sort alors une corne de brume dans laquelle il souffle avec force. Quelques instants après, un nuage de poussière se dirige sur eux. Il s’agit visiblement du char magique de Syndicalix. Le nuage de poussière s’arrête devant nos compères provoquant chez eux une quinte de toux. Puis le nuage se dissipe laissant apparaître le char. Syndicaline, Didactix et Constitutionnix s’attendent à voir de magnifiques chevaux tatoués de seize soupapes, mais ce n’est pas ce spectacle qui s’offre à eux. Leurs visages marquent une expression décontenancée.

Attelé à un magnifique char couleur noire métallisée, type pousse-pousse quatre places, on peut y voir une sorte de petit diablotin tout gris et tout malingre. Nos trois compères se tournent interrogateurs vers Syndicalix.

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