mardi 18 août 2009

CHAPITRE 7 « WAR ZAO ATAO » (4/5)


Chose étrange, au fur et à mesure qu’il approche sa bouche des lèvres de la sorcière, il lui semble reconnaître quelque chose de familier dans ces yeux verts, entourés de rides. Finalement il dépose un baisé sur ces lèvres fripées en tachant de garder les yeux bien ouverts, histoire de ne pas lui manquer de respect. Et bizarrement, le contact avec cette bouche qui semble au premier abord sèche et fanée se fait progressivement agréable. Les pétales de ce visage se font douces et charnues. Les rides disparaissent et les yeux se parent d’un très joli vert. Surpris, il recule la tête, un peu décontenancé par toutes ces diableries. Un nouveau visage s’offre à ses yeux à la limite du bris de cornées. Les pommettes de Didactix rougissent tellement que la vision infrarouge de la faune alentour s’en trouve éblouie. Loanamélusine qui se tient devant lui.

« Bonsoir Didactix» dit-elle en souriant ; « alors comme ça, on aime les vieilles dames ? » poursuit elle en éclatant de rire. « À vrai dire, seulement les fées mûres aux yeux verts » répond Didactix en forme de pirouette, afin de masquer sa surprise.

« Moi je vois surtout ta grandeur d’âme Didactix. Prêt à tout pour Intérêt Général n’est-ce pas ? » lui dit-elle doucement. « Dis-moi jolie fée des piscines. Tu ne me draguerais pas par hasard ? » lui demande-t-il en retour.

« On peut dire ça comme ça mon beau coup de foudre. D’ailleurs étant donné que nous autres fées ne faisons rien à moitié, et puisque je nous sais faits l’un pour l’autre, je me permets de te demander en mariage » souligna-t-elle en riant. « À une condition toutefois. Il te faudra choisir. Tu ne pourras m’avoir que hideuse le jour et belle la nuit ou l’inverse, selon ton désir. »

Didactix, ému, fou d’amour, fou de joie, ne sait que dire. Pour lui, elle était tout simplement merveilleuse et lui tout simplement heureux chaque seconde qu’il passe à ses côtés. Il commence par lui répondre avec de l’humour, « en somme, pour le meilleur et pour le pire ou vice-versa, c’est ça ? » avant de conclure avec un « à toi de choisir, jolie fée, ce qui serait le meilleur pour nous deux. Je m’en remets à ta sagesse. »

« T’es un vrai démocrate ! » Dit-elle en riant. « Puisque tu es ainsi, tu auras mon meilleur tout le temps mais avant cela tu devras finir ta mission. »

Sa mission ! Elle lui revient subitement à l’esprit. Le diablotin, son frère, le village, l’épée. Loanamélusine et Didactix se mettent en route vers le « gué des lavandières ». Syndicaline qui s’occupe toujours du diablotin voit arriver le couple. Reconnaissant la fée, elle sourit. «Je comprends maintenant pourquoi tu tardais à revenir » lança-t-elle en direction de son vieux pote. « Ce n’est pas le moment pour les vannes et puis écarte-toi du diablotin, Loanamélusine va le soigner» répondit Didactix.

La fée mignonne sort alors d’entre ses jolis petits seins, une fiole contenant une liqueur sacrée. Il s’agit d’un cidre fabriqué à partir des pommes du jardin de Jolie d’Avalon. Elle en dépose une goutte sur les lèvres du diablotin qui retrouve instantanément sa couleur caractéristique. Didactix ne peut détacher ses yeux de sa jolie fée des piscines. Syndicaline le remarqua et sourit. Le diablotin est guéri. Alors Syndicaline relève le petit-gris et dit à Didactix qu’il n’a qu’à la retrouver, ainsi que les autres, plus tard à l’auberge. Et oui, le temps presse mais le désir aussi.

Loanamélusine conduit son Didactix vers sa demeure. Il s’agit à première vue d’un gros rocher dans la forêt. Le regard de Didactix se fait dubitatif. Nulle entrée n’est visible. Brusquement, la fée jolie prend fermement la main de son compagnon et se jette avec lui contre la paroi rocheuse. Il ne résiste pas et découvre qu’un passage magique s’est ouvert. Ils sont maintenant à l’intérieur du rocher. Un intérieur sobre mais aménagé avec goût.

« Tu sembles surpris » lui demande Loanamélusine. En souriant, Didactix répond que oui, « agréablement surpris, en effet. À vrai dire, je m’attendais à quelque chose de plus rococo, avec du mobilier en or massif, conformément aux vieilles légendes féeriques ».

« Il fut un temps, c’était le cas, surtout chez les générations précédentes de fées mais deux événements ont pas mal changé nos habitudes. Tout d’abord, cet infâme Vivendix qui a trouvé le moyen de piller presque tout l’or des fées des rivières. Et puis l’arrivée dans nos contrées de la fée Engshui qui nous a appris à aménager nos intérieurs différemment. Suis-moi, je vais te faire visiter… »

La suite ! Et bien, elle ne vous regarde pas. On suppose qu’ils s’échangeront des mots doux, des mots fous, qu’ils s’embrasseront et s’étreindront passionnément.

À l’auberge, Syndicaline raconte ce qui s’est passé. Constitutionnix sourit. Cégétix n’écoute pas ; il ne pense qu’à l’épée. Puis tout le monde finit par s’endormir aussi bien à l’auberge que dans le rocher.

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