lundi 17 août 2009

CHAPITRE 7 « WAR ZAO ATAO » (5/5)


Les premiers rayons du soleil tirent au même moment de leur sommeil, aussi bien Constitutionnix que Loanamélusine. Cette dernière réveille tendrement Didactix. Heureux homme ! Car les fées savent éveiller un homme comme peu de femmes savent ou acceptent de le faire. La fée Latia étant la plus experte en la matière.

Il est temps de poursuivre la route. Loanamélusine explique à Didactix qu’il leur faudra longer la côte Nord vers l’Est. À vingt-cinq lieues d’ici, se situe la ville des fiers Lexobiens (Lannion). Une ville où se trouve l’un des plus majestueux sanctuaires dédiés au dieu Lugh, le dieu des arts et techniques. Dans cette cité où la devise « war zao atao » signifie « en avant toujours », ils trouveront McAfyx. Il sera sans doute à l’une des portes de la Lughopole « Anticipa », fanfaronnant tout prés du sanctuaire. Puis ses propos se font plus sibyllins. Elle lui dit que pour trouver McAfyx, ils devront recréer les réseaux, se souvenir en réseau, car nulle quête solitaire, même la plus déterminée, ne peut l’être totalement. Elle lui dit aussi qu’il leur faudra entrer dans le labyrinthe et débusquer l’Unité Centrale avec son écran qui ouvre les portes de l’inframonde. À cet effet, elle lui tend un cédérom magique. Didactix renonce à éclaircir toutes les phrases de sa fée jolie. Loanamélusine finit en annonçant à son amoureux que Constitutionnix aura en route une belle surprise.

Après toutes ces explications, vient le temps des embrassades, impatientes de nouvelles étreintes. Loanamélusine et Didactix se quittent le regard brumeux et s’échangent un « à bientôt » désireux. Didactix tourne le dos et Loanamélusine soupire. Il était temps qu’il parte car elle n’aurait pas pu dissimuler son inquiétude plus longtemps. « Ton chemin est long mon amour et les routes de l’inframonde bien périlleuses. Que les dieux te gardent en mon monde ! Que Belenos éclaire ta route ! Que Lugh te guide dans les dédales ! Et que Oengus me ramène mon amour !» Telle était la prière de cette fée aimante.

La petite troupe accueille Didactix avec de grands sourires. Didactix le leur rend accompagné d’un « ben quoi ? » « Rien ! Rien ! » Disent-ils tous en cœur. Didactix donne les informations qu’il détient et le diablotin peut se mettre à tirer son pousse-pousse quatre places. Ils longent la côte depuis maintenant une bonne heure. « Léxobie ? Léxobie ? ça me rappelle quelque chose, » se dit Constitutionnix avant de s’assoupir sous le roulis du pousse-pousse décapotable.

« Aïe ! » s’écrie Constitutionnix soudainement. Une vive douleur sur le sommet du crâne vient de le sortir de sa torpeur. Ses compagnons se tournent vers lui mais ils le regardent au-dessus de sa tête, étonnés. Constitutionnix finit par sentir une présence sur son crâne. Il fait un geste pour saisir ce qui le gêne mais d’un bond, la chose lui saute sur les genoux. « Ben ça alors ! » Dit-il. Ce qui vient de le réveiller d’un coup de bec sur la tête, est en fait un beau corbeau tout blanc, un légendaire corbeau albinos aux yeux rouges, brillants comme deux rubis volés à un maharadjah. Tous se trouvent hypnotisés par le corbeau. Tous sauf le diablotin bien évidemment qui continue imperturbable à tirer son pousse-pousse.

Tout d’un coup, l’effet hypnotique est brisé par les éclats de rire heureux et émus de Constitutionnix. « Maître, mon bon vieux maître ! » S’écrie-t-il. Il venait de reconnaître Gutuaterix, le grand druide, son vieux maître qui visiblement avait choisi de se réincarner dans ce magnifique corbeau blanc. Le corbeau se met à rire tout autant, joyeux que son élève le reconnaisse.

C’est alors que Cégétix, Syndicaline et Didactix assistent à une conversation hallucinante entre leur vieux druide et ce corbeau tout blanc. Quoiqu’en y réfléchissant bien, tout cela les étonnait de moins en moins. « C’était toi, alors, la silhouette blanche que je surprenais parfois ? » « Oui ! » Répond le corbeau. « Tu as assisté à toutes nos péripéties alors ? » « Oui ! » Refait le corbeau. « Visiblement, t’en a connu quelques-unes unes toi aussi » , dit Constitutionnix en remarquant quelques cicatrices sur le nouveau corps de son vieux maître.

Gutuaterix explique qu’il s’était battu férocement, au printemps, contre des nuées de corneilles, voraces comme jamais auparavant, au moment où elles s’envolaient depuis leur base installée dans la forêt de Meudon, afin de saccager, en guise d’apéritif, des nids de moineaux et d’hirondelles. Repues, elles prospéraient. Cela l’avait inquiété. Elles se multipliaient telles des sauterelles, ce qui lui avait rappelé d’anciennes prophéties.

« La corneille piaille les veilles de bataille. Elle attend le festin qu’elle fera des carcasses laissées sur le champ des conflits sociaux ».

En écoutant cela Syndicaline et Didactix se rappellent les propos énigmatiques tenus par le vieux pigeon de la Sorbonne. Il parlait lui aussi des corneilles de la forêt de Meudon. Tout le monde tourne son visage vers le couchant en ayant une pensée pour les victimes de la dernière bataille. L’atmosphère se fait pesante dans le char, et ce malgré la joie que ressent Constitutionnix d’avoir retrouvé son vénéré mentor.

Nos amis se dérident progressivement. Ils pensent à la nécessaire contre-attaque et à la fameuse épée magique dont ils devront trouver le nom. Le mot épée magique prononcé par Didactix déclenche une réaction chez Cégétix. Comme s’il se trouvait au milieu d’un cauchemar, Cégétix se met à hurler dans le char, secoué de rires nerveux, «Gwrève Gwénwéralh ! Gwrève Gwénwéralh ! »

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