mardi 24 mai 2011

Les plaidoiries de SILcéron : « ça se passe comme ça chez Sofitel » un client de passage


« Saine colère » mise à part et puisque chose promise chose due, voici la plaidoirie que j’offre gracieusement à maitres Strauss-kahn et Brafman. Profitez-en et faites-en bon usage. C’est sans doute la dernière fois que je suis de gauche :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les jurés, mon client plaide coupable. Oui, il plaidera coupable, ce qui ne le rend pas coupable pour autant. Entendons-nous bien. Il ne change pas de mode de défense puisqu’il est bel et bien innocent. Cependant il plaide coupable. C’est comme ça. Un comportement dicté par son sens du devoir et des responsabilités.

Oui maudit soit ce sens du devoir et des responsabilités qui finalement aura provoqué sa chute.

Car voyez vous chers jurés, mon client ne demandait en rien ce poste de responsable du FMI. Il savait très bien que cela mettrait à mal sa santé. Il savait que le surcroit de testostérone secrété sur ordre d’un cerveau reptilien stimulé par autant de pouvoir, pèserait lourd sur son priapisme. Mais il savait aussi qu’il était le seul à même de coordonner le sauvetage économique du monde entier. Des billions de dollars et surtout des millions de vies, dépendaient de ce sacrifice.

De même, très chers jurés, mon client, ce brave homme, et bien, il ne demandait pas non plus à être candidat de la gauche à la présidentielle française de 2012. Oh que non ! Après son mandat au FMI, il savait qu’un nouveau mandat de haut niveau le mènerait à sa perte. Mais là encore, sens du sacrifice oblige, comment cet homme de gauche pouvait-il refuser de sauver une gauche moribonde ainsi qu’une France au bord du gouffre ? Et puis l’idée de devenir première dame de France faisait tellement plaisir à sa femme, Anne Sinclair, cette femme qu’il aime plus que tout au monde. Comment lui refuser ce plaisir, lui qui ne lui a jamais refusé le moindre d’entre eux.

Compte tenu de tous ces éléments, vous imaginez d’ores et déjà la suite du drame.

Pris entre la nécessité de concilier politique mondiale et française, puissance financière et proximité avec le corps social, mais aussi de suivre le conseil de cet immense maitre en politique qu’est Dominique de Villepin, à savoir « la France est une femme, elle a envie qu’on la prenne à la hussarde », l’hypothalamus surstimulé de mon client s’est retrouvé à mettre en branle le scenario sexuel suivant. Un scenario que mon client est venu mettre en scène dans le Sofitel où l’un de ses amis, et habitué de l’établissement, avait pu le faire précédemment.

Celui où une prostituée devait entrer dans la suite, déguisée en prolétaire française, et faire mine de résister avant de se livrer totalement à la puissance politrique, pardon, politique de mon client, histoire de se retrouver fécondée symboliquement par son intarissable sève, un peu à l’image de certaines cérémonies religieuses de l’antiquité.

Or c’est là, dans ce contexte que notre brave plaignante, Madame Diallo, non informée du scénario en préparation, s’est glissée malencontreusement dans la chambre ouverte à l’attention de notre non moins brave hétaire qui ne disposait pas des clefs.

Tombant sur Madame Diallo, mon client lui a alors demandé si elle était bien celle qui devait s’occuper de lui. Une question à laquelle elle a répondu par un « oui-oui » sans même imaginer un seul instant de quoi il s’agissait.

Et c’est là que je vous demanderai de vous mettre un peu à la place de monsieur Strauss-Kahn. Comment mon client pouvait-il savoir qu’il avait devant lui la véritable femme de chambre ? Une femme de chambre particulièrement belle, à la tenue impeccable, répondant par le « oui-oui » qui devait servir de code. Pour lui, il ne pouvait s’agir que de sa prestataire de services.

Voilà la triste vérité mesdames et messieurs le jurés. Je vous sens d’ailleurs saisie par elle, tant elle saute aux yeux, tant elle est logique. Une triste vérité. Triste pour mon client, triste pour sa famille, mais également pour la plaignante et les siens. Oui, voilà comment un piège infernal, où se mêlent pouvoir, priapisme et mauvais concours de circonstances, s’est refermé sur cet homme aussi vaillant que brillant et sur cette femme tout aussi méritante.

Aussi, mesdames et messieurs les jurés, compte tenu de tout cela, je vous demande de reconnaître la très regrettable méprise qui a fait venir ce pauvre homme ici, devant vous, et par la même occasion de le reconnaître non coupable des chefs d’inculpation, et ce malgré cette plaidoirie.

Bien évidemment, mon client s’engage à présenter ses plus humbles et ses plus plates excuses à l’honorable plaignante qui se trouve ici même devant nous tous, mais aussi à la dédommager à la hauteur de ce qu’elle et vous mêmes estimerez le plus juste.

SILcéron

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