A l’heure où
d’aucuns s’étonnent voire s’offusquent des propos du président Macron affirmant ne rien vouloir céder "à l'antisionisme, forme réinventée de l'antisémitisme", un petit rappel s’impose.
Comme vous allez vous en rendre
compte, je pourrais faire de la brillante analyse qui suit un petit essai de 50
pages qui ne manquerait pas de me rapporter quelques pépètes, mais voilà, non
seulement je n’ai pas le temps, et surtout un simple billet suffira pour
démontrer qu’antisémite et antisioniste c’est kif-kif bourricot. Pour l’essai,
un auteur aussi désœuvré que dans le besoin n’aura qu’à développer le petit
canevas qui va suivre. Je lui demanderai juste de signer un petit chèque de
remerciement à l’ordre du budget de la défense nationale. Suite au récent coup
de rabot de 800 millions d’euros, m’est avis que nos forces armées ne se montreront pas hostiles à un peu de mécénat. Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos bourricots.
Voyez-vous, comme dans toute pathologie de ce
genre, ce ne sont pas les faits qui comptent, mais les fantasmes. Aussi, peu
importe que pendant 2000 ans, la diaspora israélite, ne soit restée qu’une
minorité, qu’elle n’ait à aucun moment cherché à disposer d’un Etat à elle au
sein de nos nations européennes, n’ait jamais commis d’exactions militaires sur
ses voisins, ou même qu’aucun Juif n’ait jamais régné sur aucune de nos
nations, imposant l’hébreu pour langue, le judaïsme pour religion d’État et la
guerre ou la colonisation pour politique d’expansion. Peu importe que les
terres, les châteaux de la Loire et autres réels symboles de richesse ou
puissance n’aient jamais été juifs. Peu importe. Dans cette maladie qu’est
l’antisémitisme, ce qui a toujours compté, c’est le délire. Celui voulant que
le Juif soit un assassin par nature pour la « sainte » raison que des
Juifs aient condamné à mort un autre Juif du nom de Jésus ; mais aussi cette
autre folie poussant certains à accuser les Juifs d’empoisonner les puits des
Chrétiens, de manger les enfants chrétiens pour Pessah ou d’être les
propagateurs de la peste noire ; ou encore ce fantasme qui ferait du Juif
l’unique ou principal vecteur de la corruption et ruine de ce bas monde. Ah, la
fixette juive. Toutes choses, qui dans la tête de nos malades, justifierait
l’annihilation du Juif.
La fixette et le fantasme, exactement les mêmes
symptômes que l’on retrouve dans l’antisionisme.
Là aussi, peu importent les
faits, seul compte le délire. Peu importe qu’Israël soit effectivement le
berceau national du peuple hébreu, dépossédé de celui-ci par plusieurs empires successifs (romain, arabe puis ottoman), et que le « sionisme »
se définisse non pas comme un délire « impérialiste » (Israël = 20 000 km2, même pas deux fois l'Île-de-France) mais comme le simple droit du peuple hébreu à redisposer
de lui-même sur les terres de son berceau national. Peu importe que les très haineux voisins
d’Israël aient cherché dès la déclaration d’indépendance de 1947 à annihiler à
plusieurs reprises le petit état hébreu et que certains le cherchent encore ; que les Israéliens n'aient fait que se défendre, rétrocédant des territoires chaque fois que la paix était garantie ; que les
Israéliens demeurent une minorité dans ce médiocre-orient sous domination
arabo-musulmane ; que malgré tout cela, les Israéliens arabes disposent des
mêmes droits politiques que les autres Israéliens et de bien plus de liberté
que dans les pays arabes. Peu importe l’évidence. Ce qui compte c’est de
fantasmer. De prétendre qu’Israël est raciste, et qu'il n’a pas le droit comme la plupart
des États, d’être le foyer d’un peuple identifié depuis des millénaires. De
prétendre que l’existence d’Israël empêche non seulement la paix dans la région
mais menace également celle du monde. Peu importent les dizaines ou centaines
de milliers de victimes en Syrie, en Irak, au Darfour, au Congo, au Tibet et
ailleurs. Seul compte le prétendu « génocide » que perpétrait Israël sur ses
voisins arabes. Un État d’Israël qui n’hésiterait pas à user d’armes et de
méthodes diaboliques, un peu à l’image du vieux mythe du Juif empoisonnant les
puits chrétiens ou rependant la peste. Une « entité » israélienne qui
aurait pour vocation de s’étendre et de s’enrichir à l’infini. Il est vrai
qu’Israël est à ce point vaste et riche qu’elle en éclipse par sa splendeur
celle des monarchies arabes. Que ne les voyez-vous pas toutes ces tours dorées
à Jérusalem où s’affairent des légions de serfs philippins aux passeports
confisqués, n’est-ce pas ? Un État d’Israël qui serait le principal
vecteur de la corruption et ruine de ce monde. Ce qui dans la tête de tous ces
malades justifierait son annihilation.
CQFD, antisémite, antisioniste, c’est kif-kif
bourricot !
Que fais-je des Israéliens ou des Juifs antisionistes,
alors ? C’est simple, je ne m’en étonne pas et je les traite de bourricots. Ne
m’en étonne pas car tout comme il y avait des Juifs antisémites, des kapos
(gardiens de camps de concentration) juifs, quoi de plus logique qu’il y ait
des Juifs ou des Israéliens antisionistes, des Juifs ou des Israéliens touchés
par la haine ou le mépris de soi, tout simplement parce qu’ils confondent saine
autocritique et légitimation des délires véhiculés par leurs bourreaux ou
ennemis. Bourricots donc !
Tous antisémites alors ? Pas vraiment.
Bourricots surtout. Dans toute cette triste histoire, il y aura toujours plus
d’ignorants, d’imbéciles, d’idiots utiles, de lâches, de suiveurs et
d’opportunistes que d’antisémites ou d’antisionistes aussi engagés qu'enragés.
Bourricots donc !