jeudi 6 août 2009

CHAPITRE 5 « LES FILS DE LLOEGR » (2/5)


Pendant que Melgwin grandissait, notre grand Henguist trouva la mort en Bretagne. Horsa, son fils, reprit alors le flambeau de la conquête de ce qui devait devenir notre île. Un flambeau que Horsa reprit avec plus de force encore que son père. Or pour ce faire, il lui fallait des armes à sa taille mais également à celle de ses fiers compagnons. Aussi, avant de partir vers l’île de Bretagne venger la mort de son père, Horsa exigea de Gwyar qu’il lui fournisse beaucoup plus d’armes. Il les voulait pour son retour afin de préparer la prochaine campagne. Gwyar n’en fit rien. À son retour de Bretagne, un juste courroux se réveilla dans le cœur d’Horsa. C’en était assez !

Sa tante Camilla, à la tresse dorée, remarquant son état lui offrit le conseil et la douceur de ses cuisses. Horsa apaisé conçut un beau projet. Il décida d’empoisonner cet inutile de Gwyar et de faire croire à son fils Melgwin que des druides kymri avaient traversé la mer pour tuer son père afin qu’il ne respecte pas sa parole.

Le trouble et la colère voilaient désormais le cœur du jeune Melgwin. Horsa put ainsi lui demander ce qu’il n’obtenait pas de Gwyar, et plus précisément sous la forme d’un défi que son sang lloegrien de quinze ans ne pouvait pas refuser.

En échange de 1000 épées invincibles qu’il devait produire en 20 ans, il lui promettait 100 vierges lloegriennes, aux grands yeux bleus et aux longs cheveux de soie.
Contre 20 chaudrons inépuisables, à produire en 10 ans, il recevrait le poids de toute sa famille en or.
Enfin, s’il lui fournissait 10 talismans d’invulnérabilité au cours de dix autres années, il pourrait choisir soit de gouverner avec Horsa le royaume de Bretagne soit 30 années de repos absolu, pendant lesquelles tous ses désirs ainsi que ceux de son clan seraient satisfaits. Par contre, il devait faire son choix avant de débuter son dernier travail.

Ainsi, Melgwin s’enferma nuit et jour dans l’atelier de son père, développant son art chaque jour un peu plus. Il produisit, au cours des deux décennies prévues, les 1000 épées aussi invincibles et mordantes que les dents d’un dragon. En récompense, il reçut les cent vierges promises. Les noces durèrent toute une année, année au cours de laquelle il put honorer ses épouses et se reposer de vingt années d’un bon labeur.

Puis il s’attela à son oeuvre suivante. Jour et nuit, il s’acharna à fabriquer les 20 chaudrons promis. Pendant ces dix années naquirent également et grandirent ses 100 enfants, 50 fils et 50 filles. Une bonne chose pour Melgwin et pour nous autres Lloegriens, car la mauvaise pour lui était que le jour où les 20 chaudrons furent livrés à notre roi Horsa, le corps de Melgwin craquelait déjà. Les faiblesses de ce qu’il y avait en lui de Kymri se révélaient. C’est ainsi que Melgwin choisit en échange du dernier travail, la fabrication des 10 talismans d’invincibilité, 30 ans de repos absolu.

Et pour exécuter son dernier travail, il décida de prendre avec lui, dans son atelier, ses 50 fils. Il leur enseigna son art et tous ensemble, ils tentèrent de fabriquer les 10 talismans d’invulnérabilité. Péniblement, à force de sorts, d’efforts et de sueur, ils les façonnèrent. Au bout des 10 années, les 50 fils de Melgwin sortirent de l’atelier, la face affreuse, certains d’entre eux portant à bouts de bras parfois brisés les précieux talismans. Melgwin venait quant à lui de périr, le marteau à la main. Ses fils, ridés, brisés, avaient vieilli de 50 ans, en dix ans de forge.

Le roi Horsa, à la longue barbe désormais, sourit en les voyant sortir. Il ordonna à cette occasion que les cinquante filles de Melgwin soient distribuées aux plus vaillants de ses guerriers. L’île de Bretagne serait bientôt conquise en même temps que se tarirait le sang de Gwyar, le plus grand artisan Kymri de tous les temps. »

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