samedi 2 février 2013

Vendée Globe 2013 : et pourquoi pas un tour d’honneur



Je profite de l’arrivée à bon port, demain, du vainqueur du Vendée Globe (François Gabart ci-dessus), pour aborder un point qui ne saurait rester plongé plus longtemps dans le monde du silence.

Dans le milieu maritime, il y a deux écoles, celle de l’argent et celle de l’honneur. Du moins si l’on en croit ce célèbre échange entre Surcouf (1773-1827), intrépide marin français ayant fait fortune dans la course, et un officier de la marine anglaise. « Enfin, Monsieur, avouez que vous, Français, vous battiez pour l’argent tandis que nous, Anglais, nous battions pour l’honneur… » Réponse de Surcouf : « Certes, Monsieur, mais chacun se bat pour acquérir ce qu’il n’a pas. »

Or comme ce ne sont sûrement pas les modestes sommes promises à nos vaillants concurrents qui attesteront l’appât du gain chez nos marins d’eau lourde, bien que certains s’en plaignent un peu, il est évident qu’ils risquent leur vie dans ces courses pour l’honneur ou les honneurs. C’est là qu’il y a un problème.

Dans tous les sports honorables, le vainqueur se doit d’offrir au public un tour d’honneur. Que l’on ne le réclame pas aux concurrents du Tour de France pour les raisons d’honorabilité susvisées et afin de leur éviter une surconsommation de produits aux effets stupéfiants, je le conçois. Ce qui n’est pas le cas s’agissant des concurrents du Vendée Globe. En effet, je ne vois vraiment pas ce qui les autorise à déroger à ce code de l’honneur sportif.

Alors, Monsieur François Gabart, puisque c’est vous le vainqueur, il vous revient de nous offrir une petite circumnavigation d’honneur. Rassurez-vous, personne ne vous demande de battre un quelconque record. N’allez pas risquer votre peau et la coque de votre voilier en or MACIF en fonçant tel un poisson volant. Nous vous autorisons à faire toutes les escales publicitaires qui vous permettront d’honorer les engagements commerciaux pris envers votre sponsor. Une bonne façon de susciter des vocations de mécènes, et donc celle aussi d’intrépides marins, pas assez honorés à mon goût, et ce même s’il m’arrive de faire beaucoup mieux qu’eux ;-)

Aussi, je vous laisse jusqu’à l’arrivée du dernier concurrent pour vous dégourdir les jambes, honorer votre femme, et vous préparer à ce dernier devoir…

René Robert Cavelier de La SIL

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