L’autre jour, dans ma banlieue de moins en moins rouge et de plus en plus verte, au détour d’un raccourci que je prends parfois, je suis tombé sur Cédric, une vieille connaissance que j’avais perdue de vue.
Cédric ou plutôt Tariq selon son nouveau nom de baptême au sécateur, car telle fut la première chose que j’appris en m’enquérant de sa situation actuelle. Aïe, me dis-je, je sens qu’il va falloir que j’ouvre bien grand tous mes chakras afin de préserver ma zenitude. J’avais raison mais j’ai failli. Que les dieux me pardonnent.
Très vite, Cédric, oups, Tariq, avec la foi du nouveau converti, se donna pour mission de me polluer le cerveau avec un coran et un islam, que malheureusement pour lui, je maitrise bien mieux que lui. Le tout en dodelinant de la tête et en exécutant des séries de petits pas sur les côtés, à la façon d’un perroquet sur son perchoir.
J’ai failli car je me suis vu dans l’obligation de lui déplumer ses toutes nouvelles ailes de ara d’Allah, lorsqu’il croassa en guise d’argument becquetant un « de toute façon, tu vois, quand j’étais catholique, tu vois, même moi, tu voâ, je me disais bien que Dieu, tu voâ, il ne pouvait pas avoir de fils, tu voâ », suivi d’un « et puis, tu vois, Allah, il a promis que les musulmans domineront le monde, la preuve, tu voâ, c’est que les musulmans gouverneront bientôt la France »…
Je vois surtout que tu blasphèmes et que tu passes à coté des évidences, mon bon Cédric, pardon, mon frère Tariq. « Qoâ ? Comment ça, je blasphème » me répondit-il.
C’est pourtant on ne peut plus évident mon petit gars. Tout d’abord, si Allah est le plus grand, le créateur du monde, omnipotent, pourquoi ne pourrait-il pas avoir un fils ? Logique, non ? Par conséquent prétendre le contraire ou décider à la place d’Allah ce qu’il peut ou pas, n’est-ce pas là commettre un horrible blasphème ? A moins, bien sûr, qu’Allah soit moins balaise que le dieu de Jésus, ce qui est possible aussi.
Ensuite, mon Brave Tariq, les musulmans ne domineront ni la France ni le monde pour la très simple raison qu’ils ne dominent déjà rien du tout dans le monde islamique. Seuls les serviteurs d’Allah, ou plutôt, la minorité qui se sert d’Allah, exerce une domination sur les musulmans et les bouts de désert qu’elle souhaite voir s’étendre à l’infini. Quant à toi, tu es déjà leur dominé, leur jouet, leur esclave. Après tout n’est-ce pas là la définition même du mot musulman.
Aïe, j’ai senti à cet instant, lorsque son regard se fit hagard, que j’avais mis en plein dans le mille. Je m’en suis voulu. Briser les rêves de domination d’un dominé, c’est là une chose fort peu charitable. J’ai donc pris pour excuse le fait de devoir nourrir mes oiseaux de paradis, pour prendre congé de ce brave ara d’Allah que je laissais sans voix. « Dominer le monde », allah-ah-ah-ah, elle est bien bonne celle-là.
SILimalikoum mes frères
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