Voici plusieurs jours que le landerneau littéraire se trouve
secoué par une polémique suscitée par la publication du pamphlet « anti-monothéiste »
de l’historien Jean Soler et le soutien fort appuyé de la part de notre philosophe athée-hédoniste-socialiste-libertaire qu’est Michel Onfray.
Goutez-moi ces extraits :
Selon
Jean Soler, le monothéisme devient une arme de guerre forgée tardivement pour
permettre au peuple juif d’être et de durer, fût-ce au détriment des autres
peuples. Il suppose une violence intrinsèque exterminatrice, intolérante, qui
dure jusqu’aujourd’hui. (… ) les juifs inventent le génocide – le premier en
date dans la littérature mondial.(…) Bien sûr, il (Jean Soler) ne souhaite pas
revenir au polythéisme antique, mais il propose que nous nous mettions enfin à
l’école de la Grèce après plus de mille ans de domination judéo-chrétienne. Une
Grèce qui ignore l’intolérance, la banalisation de la peine de mort, les
guerres de destruction massive entre les cités ; une Grèce qui célèbre le culte
des femmes ; une Grèce qui ignore le péché, la faute, la culpabilité ; une
Grèce qui n’a pas souhaité l’extermination massive de ses adversaires ; une
Grèce qui, à Athènes, où arrive saint Paul, avait édifié un autel au dieu
inconnu comme preuve de sa générosité et de son hospitalité – cet autel fut
décrété par Paul de Tarse l’autel de son dieu unique, le seul, le vrai.
Constantin devait donner à Paul les moyens de son rêve.
Incroyable, n’est pas ? En fait non ! Lorsqu’une
érudition aussi partielle que partiale, pour ne pas dire une ignorance
historique et anthropologique plus globale, rencontre l’obsession du Juif, il est normal de se retrouver avec ce genre d’inepties.
Car si tout n’est pas faux dans les pseudo-découvertes du sieur Soler (que du réchauffé en fait),
l’inepte se trouve dans le fait de faire d’un judaïsme primitif et d’un Israël
des premiers temps, l’alpha et l’oméga du judaïsme, comme du destin du peuple
hébreu.
Mais pas seulement, puisqu’au final, sous couvert de critique du
judaïsme (qui comme toute idéologie doit demeurer critiquable ou bêtement
vilipendable), on en vient très vite aux Juifs, pris dans leur ensemble,
essentialisés, rendus incapables d’évolution, de raison, d’histoire, puisque le Juif d'aujourd'hui (celui
d’Onfray et Soler) ne ferait que poursuivre les projets
criminels du Juif du passé (celui d’Onfray et Soler). Un Juif éternel
(celui d’Onfray, Soler, et de tous les antisémites) qui devient la source de
tout mal, de tous les maux, et ce malgré les faits (passés et présents) les
plus évidents. Toutes choses qui me font dire que ces lascars-là sont soit
complément cons, soit totalement givrés !
Sinon, s’agissant de cette Grèce antique, belle et pacifique, que
nos deux Charlots semblent idolâtrer plus que de raison (dont l'exercice est, sans doute, la plus belle conquête des Grecs) et que j’aime
beaucoup, moi aussi, il me semble bien que les envahisseurs grecs, Achéens et
Doriens, ont eu tendance (comme la plupart des peuples de cette planète) à
faire place nette au fur et à mesure de leur avancée dans la future péninsule hellénique.
De même, il me semble que la Grèce des textes anciens n’a pas
toujours été « belle et pacifique ». Pour s’en rendre compte, j’invite
ces deux grands érudits à se replonger dans le cycle troyen. Ils constateront
alors la cruauté des Grecs, et le sort réservé à la cité de Troie. Ils découvriront la
description faite par Homère des Grecs et des Troyens. Des Grecs dépeins
comme des fauves, manipulés par les dieux et leur orgueil. Des Troyens
apparaissant comme plus humains, plus sentimentaux, et au fond bien plus moraux :
face à une Hélène peu vertueuse, Andromaque figure la femme idéale ; et le prince Hector, son époux, n’est pas
loin du parfait héros, de l’humain le plus noble qui soit ; la supplique
que le roi Priam adresse à Achille, dans l’espoir de récupérer la dépouille de
son fils Hector, étant quant à elle d’un poignant rarement atteint…
Moralité : entre la destruction de Troie par une Grèce
ultraviolente et l’avènement d’une Grèce classique relativement plus pacifique
(si l’on fait fi des guerres entre cités et de l’empire d’Alexandre) avant
disparition, semble s’écouler la même durée (plus de mille ans) que celle séparant
les débuts violents de l’installation d’Israël, de sa maturation politique,
philosophique et religieuse, avant disparition provisoire.
Un parallèle que nos deux Charlatans seront incapables de faire,
tout travaillés qu’ils sont par la maladie antisémite. La réaction
du sophiste Onfray à la polémique qu’il suscite étant quant à elle aussi ridicule que pathétique. Bref, Onfray mieux de fermer sa gueule !
SILomon
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