mercredi 10 mars 2010

Free Tibet : au pays des gandhides


Histoire de répondre aux exigences de clarté chères à ce grand philosophe qu’était Gaston Berger, j’ai bien envie de commencer par dire « que les choses soient bien claires ». Oui, très clairement, je n’éprouve qu’une sympathie toute relative pour les représentants de la défunte théocratie tibétaine.

Une théocratie féodale dont la lâcheté, grimée de spiritualité dite compassionnelle ou quiétiste, a permis le maintien de tout ou partie du peuple tibétain dans la misère, le servage, sous la férule d’une aristocratie abjecte, ainsi que les horreurs dues aux invasions anglaise (1904) et chinoise.

Oui, peu de sympathie pour ces caresseurs de moulins à prières comme pour leurs salades lamaïques. Car si je confesse mon goût pour certaines techniques psychiques développées par les bouddhistes, notamment ces mantras tibétains avec lesquels j’ai bercé très efficacement mes gamins, toutes leurs autres considérations dogmatiques, dharmiques ou karmiques, sur lesquelles nos bonzes fondent leur pouvoir religieux, me laissent les chakras tout froids.

Les chakras seulement parce que s’agissant des muscles zygomatiques, leurs lois régissant le cycle des réincarnations ont tendance à me les bodybuilder. Figurez-vous que selon vos actes et vos pensées, votre niveau de conscience progresse ou régresse, vous faisant progresser depuis le stade minéral jusqu’à celui de Bouddha, du corps d’une limace à celui d’un lama, ou vice-versa.

« Oui mais que doit faire la limace pour espérer une meilleure réincarnation ? Elle doit baver bien droit, c’est ça ? » Question très pertinente que pose le personnage interprété par Jack Nicholson dans le film « Sans plus attendre » et qui suffit à foutre tout ce fatras karmique par terre.

Enfin tout personnellement, je n’avais pas besoin de cette remarque vu que les salades à limace ou à lama d’un gars nommé Bouddha, ayant abandonné femme et enfants sous prétexte qu’il devait délivrer le monde du cycle des réincarnations, d’un gars qui tourne le dos à la réalité en arguant du fait que « tout est illusion », me portent à une certaine circonspection.

« Chérie je ne peux pas m’occuper de la vaisselle car j’ai bouddhisme ce soir. Mais oui, chérie, j’ai le monde à libérer du Samsara. Mais non, ma maîtresse ne s’appelle pas Sarah. Tu mélanges tout comme d’habitude. T’embrasseras les gosses pour moi. À plus ! » Ben tiens ! Oui, au risque de pourrir tout mon karma ou de me coincer un chakra, j’ose un ben tiens !

Mais je m’éloigne du sujet. Donc, si je n’ai aucune sympathie pour la théocratie lamaïque, j’exècre infiniment plus encore la politique impérialiste chinoise, visant à dissoudre une branche de ma famille humaine. Voir disparaître corps et biens le peuple tibétain m’est en effet insupportable.

C’est pourquoi ce billet témoignera ma solidarité envers les « longues marches », peu médiatisées, qui se sont mises en branle aujourd’hui, un peu partout, dans le cadre des commémorations du 51e anniversaire de l’insurrection nationale tibétaine du 10 mars 1959.

Des marches qui s’inspirent de la marche du sel initiée par Gandhi en 1930, prélude à l’indépendance indienne, mais à ce jour bien moins efficaces pour la bonne raison que Ghandi était loin d’être Candide.

Je signale en effet qu’à l’inverse du Dalaï-lama, Gandhi était un avocat suffisamment retors pour savoir jouer de la complexité de la pensée indienne, se donnant ainsi le beau rôle à la face du monde, tout en laissant se battre ceux qui le voulaient, oups, « ceux qui n’avaient pas assez la foi ou de courage pour renoncer à toute forme de violence ». Une politique très efficace que celle de la technique Shiva. Un sourire divin en façade qu’accompagne le jeu d’une demi-douzaine de mains qui, sorties d’on ne sait où, viennent vous aplatir la face sans crier gare. De quoi convaincre les Anglais de négocier ;

Sacré Gandhi ! Encore un qui ne m’a jamais inspiré une très grande confiance. Il a eu beau se dire végétarien, cela ne m’a jamais retiré de l’esprit qu’il nous prenait quand même un peu pour des jambons...

Sérieusement, que voulez-vous que je pense d’un gars qui écrit à Hitler en 1939, en le traitant de « cher ami », pour lui demander de renoncer à la guerre et d’atteindre ses objectifs plutôt par la voie de la non-violence ; qui propose à l’Angleterre le soutien armé de l’Inde pendant la deuxième guerre mondiale en échange de l’indépendance ou qui encore qualifie les paroles de Mahomet « d’un trésor de sagesse pas seulement pour les musulmans mais pour l’humanité tout entière ? » De tels propos ne grandissent personne, mon petit mahatma.

Tout ça n’est pas sérieux, sans parler bien sur de sa tenue aussi ridicule que populiste.

« La non-violence ». J’écoutais une fois une tête de bonze qui disait « la violence ne mène à aucune autre solution que celle de la destruction ». Mais oui ! Mais oui ! Exceptés toutefois lorsqu’elle met fin à l’esclavage en Amérique lors de la guerre de sécession, fin au nazisme comme à l’impérialisme japonais, fin de façon plus froide au communisme…

Car pour l’instant, c’est surtout la non-violence qui ne mène à aucune autre solution que celle de la destruction du Tibet.

En l’absence d’une pression internationale efficace, la violence n’est-il pas le seul moyen de signifier au régime impérialiste chinois, « Quit Tibet », de bouter les 4 millions de Chinois fraîchement débarqués, contre 5 millions de tibétains, hors du Tibet. Vous voyez une autre solution, vous ? En plus franchement, ce n’est pas le terrain tibétain qui va empêcher une guerre de harcèlement. Un pays pareil, c’est l’endroit rêvé pour une guérilla. Même cet abruti de Yeti réussi à ne pas se faire prendre. Imaginez alors des commandos entraînés par quelques instructeurs américains, russes, voir vietnamiens, un peu désœuvrés, armés depuis l’Asie centrale ou l’Inde. Voilà toutes les conditions réunies pour que le toit du monde s’écroule sur le crâne de tous nos Hans aussi bâtés que butés.

Mais bon, dans ce dessein, il faudrait troquer la toge aussi ridiculement orange que peu favorable au camouflage.

Précisons quand même, histoire de ne pas corrompre d’innocents karmas et puisque les tentations terroristes ne sont jamais bien loin dans toutes ces luttes indépendantistes, que seules les cibles militaires ou ferroviaires sont légitimes. Ce n’est pas les ponts qui manquent au Tibet avec la toute nouvelle ligne ferroviaire censée faciliter la pénétration du pays tibétain. Les Chinois déplacés au Tibet pour œuvrer à l’exploitation des richesses minières du pays n’y sont pour pas grand-chose.

Cependant, si le gouvernement chinois devait copier la technique utilisée par les mouvements impérialistes panarabes, consistant à se servir de leurs civils comme d’autant de boucliers humains, ce qui entraînerait immanquablement des pertes parmi les colons chinois, sachez que je vous pardonnerai et expierai à votre place ces taches sur votre karma. Et ce même s’il me faut alors baver droit pendant mille réincarnations dans la peau d’une limace. Je préfère toujours cette peau-là à celle d’un lamentable lama."Om mani padmé hum"...

SILddharta

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