Il faut vraiment que je cesse mes conneries
humanistes à deux balles. Les bobos me sortent par les yeux. Il faut que je
l’accepte et que j’arrête de me dire, mais non, tu te fais des idées, il y en a
des bien, ne sois pas sectaire, allez, fais donc l’effort de discuter avec eux.
L’expression, sans doute, de mon coté chrétien-masochiste (pléonasme compte
triple). Non, il faut que j’arrête car de toute évidence, j’ai atteint le seuil
critique, celui juste avant le choc anaphylactique. En effet, lorsque je me
retrouve en leur présence, je fais depuis peu des plaques d’urticaire. Il ne faudrait
pas que je finisse par m’étouffer dans un œdème de Quincke.
L’autre jour, ça n’a pas raté. Invité chez un
familier, voilà que je me retrouve, de nouveau, en face de l’une des plus
caricaturales figurations de cette sous-espèce sapienne.
Les fois précédentes, après avoir tant vanté
la culture islamique, la tolérance, l’ouverture aux autres, elle avait fini par
nous faire part de sa déception suite à une insupportable blessure narcissique.
Un musulman très à cheval ou à chameau sur les enseignements de son taré de prophète lui avait demandé son
chemin par l’intermédiaire de sa femme sans jamais lui adresser le moindre
regard ou parole. Chose qu’elle n’avait pas supportée, la faisant passer de la
tolérance de loin à l’hystérie de près, soit la bobo dans toute sa splendeur.
En conclusion de sa mésaventure, elle avait cherché mon soutien espérant que je
vomisse sur les musulmans en général (cette idiote n’ayant toujours pas compris que je
m’attaque au dogme et ses suppôts, et non à ceux qu’il emprisonne). Pour l’emmerder, j’ai
défendu l’islam… celui des lumières ^^
Aujourd’hui, elle commence par nous parler de
ses projets de réveillon. Elle « y travaille ». Ce sera un projet
formidable, avec plein d’amis formidables qui trouvent son idée formidable,
idée qui demande beaucoup de travail (un truc matuvu chopé sur un site du genre
jefaisparlerdemoi.com pour gens qui s’emmerdent et qui ont besoin de meubler le temps
passé entre amis pour éviter d’être juste entre amis et parce qu’ils n’ont rien
d’intéressant à se dire). « Beaucoup de travail ». Ce qu’ils peuvent
me faire suer, tous ces médiocres bourgeois, à prolétariser le moindre loisir
histoire de se donner de l’importance.
Puis elle enchaine sur ses projets de
vacances. Là aussi, elle « y travaille » énormément. Elle hésite. En
tout cas, elle ne passera pas l’année sans « s’offrir une
destination » et patati et patata. De quoi me démontrer encore une fois
que ces gens-là vont au monde comme on va à l’expo coloniale. Ils
collectionnent les destinations comme on collectionne les stands, en font de
vulgaires sujets de conversations égocentriques, rien de profond, rien qui
nourrisse l’âme. Après tout, pour quoi faire. De toute façon, il n’y a rien
d’authentique chez ces gens-là, si ce n’est leur incommensurable connerie.
Aucune richesse intérieure, que des parures extérieures.
Profitant d’une pause pipeau, un ami raconte
ses soucis professionnels. Il n’a même pas le temps de finir que notre bobo
ramène déjà tout à elle dans une interminable diarrhée verbal. Et que
« j’ai parfaitement entendu ce que tu voulais dire » ; et que
« j’ai rencontré exactement les mêmes soucis à mon travail », et que
« j’ai sauvé la vie d’un collègue qui avait eu des soucis similaires en
faisant ceci et cela », et que « je te dis tout ça pour que tu
te sentes un peu moins seul ».
Histoire d’éviter de faire un choc allergique,
je me suis rejoué intérieurement ce sketch de Brice de Nice, celui où il
explique que l’important est de faire en sorte de ramener toute conversation à
soi « Ouais, moi aussi je suis antillais, mois aussi je suis généticien,
moi aussi j’ai des problèmes… » Du coup j’ai rit.
Revenant à moi ou plutôt à la conversation,
j’assiste à sa conclusion. Il faut qu’elle parte parce que c’est l’heure de son
jogging dominical, ce rendez-vous avec elle-même qu’elle ne raterait pour rien
au monde et qui lui permet, là aussi, là encore, là toujours, de tant parler
d’elle même, de son programme d’entrainement, de ses chaussettes
anti-échauffements, de ses objectifs de course, de l’amateurisme des autres
coureurs, etc.
En la voyant partir, j’ai fini par
concevoir une forme d’admiration. Il n’y a pas à dire, ces gens-là ont une vie
bien remplie, remplie de vacuité, remplie d’eux-mêmes. Bel exploit ! Ça
demande du travail, c’est certain. Je pourrais même y voir une certaine forme
d’esthétisme postmoderne si tout cela ne me sortait pas désormais par les yeux.
Car en me ressaisissant, je me suis rendu
compte que tout me débecte chez ces gens-là. Leurs éléments de langage comme
leurs petites manières aussi empruntées qu’ostentatoires. Tout le contraire de
cette discrétion propre à une vieille bourgeoisie qu’ils imitent bien mal.
Je me rappelle que ce sont là les mêmes ahuris
qui sont séduits par le vote Mélenchon tout en s’étonnant après les élections
que leurs employés ou collègues gauchistes fassent tout pour pourrir leur boite
ou leur service. Que voulez-vous, ils ne parviennent pas à comprendre que l’on
puisse vouloir enquiquiner des gens aussi formidables qu’ils se croient être.
Les mêmes qui s’indignent devant un reportage sur le travail des enfants mais
qui la fois d’après vous expliqueront qu’ils ne sont pas là « pour faire
du social », qui ne supportent pas qu’une salariée tombe enceinte ou que
la femme de ménage ne range pas le balais au bon endroit. Le syndrome des gens
parfaits qui exigent que tout soit parfait autour d’eux.
Les mêmes qui parlent de tout, sans jamais
ouvrir un manuel de quoi que ce soit, avec l’argument d’autorité d’un
« C’est dans l’air », d’un « mots croisé » ou du dernier
reportage sur canal +.
Des gens chez qui tout
prend des proportions délirantes dans les domaines du futile mais aucune ou
presque dans ceux qui touchent à l’essentiel. Des gens en toc chez qui je
laisse des traces de dents à chaque fois que je croque dedans. Bref des gens
malades que je vomis par réaction immunitaire. Aussi, qu’ils ne m’en veuillent
surtout pas puisque c’est physique…
En cure de
désenSILbilisation
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