jeudi 20 décembre 2012

France/Algérie : la France est plus grande quand elle tend la main que lorsqu’elle se met à genoux



Monsieur le Président, bravo ! Bien joué ! Très finement même. Oui, je vous félicite pour votre discours d’aujourd’hui, déclamé à la tribune du palais des nations d’Alger, et où il s’agissait de préférer « la vérité » aux « excuses ». Historiquement lucide, positif, ouvert, tourné vers l’avenir. Pas grand chose à redire. Une bonne surprise. Je donne 18/20 :

«Nous devons la vérité à tous ceux pour qui notre histoire commune reste douloureuse, blessée, avec des cicatrices qui peinent, 50 ans après, à se refermer», a-t-il affirmé d’emblée. Soit une façon de reconnaître que les victimes, les souffrances et cicatrices ne se trouvent pas que là-bas.

«Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste, brutal et destructeur. Rien ne peut justifier les agressions commises contre la population algérienne. Je reconnais ici les souffrances que le système colonial a infligées au peuple algérien». Passons sur le « destructeur » qui se discute, pour le remercier de parler de «système colonial » bien plus que de la France, vu que de vaillants républicains libéraux français, tels que mon Clemenceau, condamnaient une politique et un système que vantaient des ‘progessistes’ du type Jules Ferry. Merci aussi d’insister sur un « système colonial », forcément condamnable, que nous sommes d’ailleurs les seuls à condamner, et que nous pourrons envoyer au visage des nationalistes algériens qui cherchent à instrumentaliser les Algériens de France pour en faire des colons revanchards, et qui continuent de répandre le désherbant de l’arabisation sur les graines du printemps berbère algérien.

Dans la suite de son discours, avant de parler « d’avenir » et de l’idée « d’une communauté méditerranéenne » autour du couple franco-algérien (qui me fait bien rire mais là n’est pas le débat), le président Hollande a mentionné les massacres de Sétif, bien loin, en effet, de « nos valeurs universelles », mais aussi la quête de vérité « sur la violence, l’injustice, et la torture », qui ne ferme aucune porte et qui permet surtout de faire en sorte que le débat demeure plus historique que politique. Une bien bonne chose en effet.

Bref, la France ne s’est pas mise à genoux. Lucide et constructive, elle tend la main. A l’Algérie de la saisir. Voilà qui est bien joué. Les nationalistes algériens ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Ils maugréent déjà dans les couloirs de leur parlement, réclamant plus, que la France se mette à genoux, chose quelle ne fera pas, même pour se mettre à la hauteur de petits esprits frappeurs…

ClemenSIL


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