lundi 2 juillet 2007

LA TORTURA DE SHAKIRA


Qui peut encore prétendre que l’on n’apprend rien à la télévision. L’autre soir, lors de la dernière émission de la saison, « ce soir ou jamais », présentée par mon bon Taddéi, j’ai non seulement découvert le concept de « souchien » (pour Blanc de souche) cher à Mademoiselle Bouteldja des indigènes de la république, mais également la sympathologie. Toute une science.


La sympathologie est l’état dans lequel se trouve notre pensée. Le but de la sympathologie ? Trouver ce qui fera le plus sympa comme discours. Par exemple, est-ce que la torture c’est Fun ou bien est-ce trop Bad. Vous l’aurez deviné. Il ne s’agit pas de penser mais de donner envie au bon sauvage de devenir comme nous puisqu’en démocratie nous sommes avant tout sympas. La sympathologie n’est pas une pensée mais un exemple.

Rassurez-vous, je ne vais sûrement pas faire l’apologie de la Torture. Moi aussi, je suis un mec sympa, en plus d’être sensé. Non, je vais juste exploser les deux piliers du sympathisme sur ce thème-là et vous proposer ce que tout cela m’inspire. De l’inédit puisque je n’ai trouvé ce qui suit nulle part et que je me dis que cela peut vous intéresser, si d’aventure, tout comme pour moi, le sympathisme vous gave grave.

Le premier argument contre la Torture est celui de l’empathie. Imaginez-vous à la place d’un pauvre terroriste ou d’un quelconque ramolli du bulbe à coups de Coran, enchaîné à Guantanamo, subissant un interrogatoire poussé. C’est pas bien n’est-ce pas ? Oui !
C’est en gros la démarche de nos sympathologues comme des militants américains qui proposent aux passants de subir un échantillon de mauvais traitements afin qu’ils se rendent compte que la torture ce n’est vraiment pas bien.
Ce à quoi un militant antipathique répondra qu’il suffit de proposer aux mêmes passants de visionner quelques échantillons d’images d’attentats et de photos de victimes pour que ceux-ci se portent volontaires pour mener à leur tour des interrogatoires poussés. Conclusion. L’empathie, c’est trop pas fiable.

Second argument sympa. Si les Démocraties utilisent les mêmes méthodes que leurs ennemis, comment voulez que les gens vivant sous dictature veuillent de notre démocratie ? Un antipathique vous répondra : « pour les deux trois raisons que nous allons voir maintenant bande de sympas, ignorants de vos propres valeurs ».

1- Parce que lorsque les enjeux sont des dizaines, des centaines, voir des milliers de victimes innocentes, les petits enjeux de marketing démocratique passent bien loin derrière nos vies. Et encore, je ne parle pas de la vie de nos gosses, histoire d’être sympa avec les sympas.

2- Parce que je ne suis pas sûr que nos démocraties soient là pour faire rêver. Si les peuples ne se persuadent pas un peu par eux-mêmes qu’il n’y a pas mieux, je ne vais pas me fatiguer à leur faire un dessin en plus de mes discours. Personne n’a livré la démocratie sur un plateaux, ni à nous, ni aux autres peuples qui l’ont conquise et pensée.

3- Pour une raison bien plus fondamentale, tas de sympas. Parce que les démocraties n’utilisent pas les mêmes méthodes que leurs ennemis. Dites-moi. Comment cela se fait-il qu’aucun d’entre vous ne fasse la différence entre l’Ordinaire et l’Extraordinaire ? Vous ne savez plus où vous habitez ou quoi ?

Expliquons nous.

Il me semble qu’il y a une différence entre un pays dictatorial qui torture des foules d’innocents pris au hasard pour protéger un gouvernement de criminels et un pays démocratique qui « torturerait » des criminels tout sauf pris au hasard, pour protéger des foules d’innocents , non ?

Il me semble qu’il y a une différence entre des dictatures où la torture est l’ordinaire et des pays démocratiques où nos excès envers des criminels sont de l’ordre de l’extraordinaire. L’ordinaire restant chez nous la possibilité pour les victimes de nos excès de recouvrer non seulement la liberté mais d’obtenir réparation pour ces injustices. Alors que l’injustice dans les dictatures se règle d’ordinaire avec une balle derrière la nuque et on en parle plus.

Il me semble que toutes ces différences créent bien une différence de nature entre la Torture et ce que vous nommez nos « tortures ».

Toutefois si cette démonstration ne vous a pas suffi et que vous ne faites toujours pas la différence entre des choses bien différentes, voici une petite chanson qui finira de vous convaincre. Elle parle de torture. Elle s’appelle d’ailleurs « la tortura » :

« No pido que todos los días sean de sol ; No pido que todos los viernes sean de fiesta ; Tampoco te pido que vuelvas rogando perdón ; Si lloras con los ojos secos ; Y hablando de ella…

Ay amor me duele tanto ; Me duele tanto ; Que te fueras sin decir a dónde ; Ay amor fue una tortura... Perderte. »


Je sais, ce n’est pas très sympa de vous ramener à votre médiocrité mais bon, j’assume sans problème cela aussi, devant les dieux et devant les hommes. Dans l’intérêt de nos démocraties, heureusement qu’il y a des gens pour assumer une posture autre que la plus confortable, celle des sympas. Des gens qui acceptent de se frotter à nos démons, de voyager aux limites de nos valeurs, de se poser des questions morales que le commun refuse, de porter le poids de certains choix, tout ça pour préserver notre innocence et notre avenir. Des gens qui paraissent antipathiques mais qui disposent d’un sens moral sans doute bien supérieur à celui des gens sympas ; Et c’est très bien comme ça…

Même si là où je rejoins les gens sympas, c’est dans la nécessaire vigilance collective à maintenir pour que l’extraordinaire ne devienne jamais notre ordinaire.


El SIL torturado del corazon por Shakira, Beyonce y sobre todo por Rihanna y su paraguas

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