lundi 30 juillet 2007

LA CRAINTE ET L’EPOUVANTE SELON JONQUET



Ce livre, toujours d’une brûlante actualité, à lire cet été sur la plage ou sous la tente, fin et puissant à la fois, nous invite à trois méditations parallèles, à travers le récit des pérégrinations effectuées dans le réel Séquano-Dionysiens (9-3) par une jeune profs juive, un magistrat, des policiers et d’autres agents du réel. Voici les trois méditations qui émergent de cet excellent récit.


1- Il n’y a pas de bon sauvage ou de belle jeunesse. Il n’y a que des enfants dont il nous faut savoir ce que nous voulons en faire. Soit des sauvages, soit des continuateurs de la civilisation. Si c’est des continuateurs de la civilisation, il faut nous en occuper, leur donner un cadre constructeur, les pousser au meilleur d’eux-mêmes et non pas caresser leurs tendances primales dans le sens d’un poil naissant ou encore les abandonner à ceux qui rêvent de les transformer en armes qui serviront leurs désirs de pouvoirs.

2- Si au marché des addictions, il arrive que certaines petites affaires périclitent, comme celle des stupéfiants ou bien celle du sexe, il y en a une qui non seulement se porte à merveille mais qui grignote chaque jour un peu plus de parts de marché. Celle d’une religion prêt-à-porter de la tête aux pieds.

3- Après nous être demandés, tout le long de l’intrigue, ce que venait faire dans l’histoire le gamin schizophrène, nous comprenons page 312, après un long passage sur la folie qui parcourait la banlieue lors des « French Riots », où Thierry Jonquet voulait nous entraîner. Dans cette évidence faisant qu’il y a une différence entre des folies individuelles d’ordre biologique que nos sociétés acceptent de diagnostiquer et de traiter comme elles peuvent, et une folie collective d’ordre culturelle que bizarrement nos sociétés refusent non seulement de diagnostiquer mais également de traiter, alors qu’elles pourraient. Une forme de schizophrénie collective.

En conclusion, « Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte » de Thierry Jonquet est un excellent livre, à lire absolument, qui à la limite ne pécherait que par trop de finesse humaniste, à une époque où nous aurions déjà dû passez du diagnostic à une contre-propagande, brute de décoffrage, afin de combattre cette folie beaucoup trop ordinaire.

SIL d’humeur épouvantable.

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