lundi 11 août 2008

L’OURS RUSSE N’EST QU’UNE PINE D’HUITRE


Histoire de ne pas faire dans l’hypocrisie diplomatique, je vous avouerai que mon affection pour les Russes n’a pas encore connu ni dégel, ni glasnost. Elle est même proportionnellement inverse à celle que je nourris pour leurs femmes. Cela étant dit, une fois posé mon caractère peu enclin à embrasser un Russe à la russe, je ne vous cacherai pas non-plus que chaque fois que j’entends le mot Russie, les sonorités de la langue russe ou celles de leur musique, quelque chose vibre au plus profond de moi.

La Russie me parle. Elle me parle comme une déesse-mère, et ce au point d’avoir bravé mon professeur d’histoire des Relations internationales. Ce professeur dont le nom m’échappe se refusait à voir la Russie dans notre « maison commune européenne », selon l’expression de Mikhaïl Gorbatchev.

Lorsqu’il me demanda, lors d’une épreuve orale, si j’étais d’accord avec sa thèse excluant l’Oural, je lui répondis que non ! Car à mon avis la Russie fait non seulement partie de la Maison Europe, mais plus encore, pour partager les thèses de Marija Gimbutas, je vois la Russie comme le berceau de l’Europe ou plus précisément des peuples indo-européens. En effet, nos ancêtres indo-européens avant d’essaimer vers l’Ouest comme vers l’Est, ont été nourris au sein de la mer Noire, notre mère nourricière originelle. Or comme je ne suis pas du genre à mettre ma mère à la porte de ma maison, vous comprenez pourquoi je ne partage pas l’avis de cet ancien professeur.

Mais ce n'est pas tout car en ayant fait de l’héritage byzantin son fondement culturel, la Russie est devenue immanquablement l’aile orientale de l’aigle romain, tout comme l’Amérique s’avère être finalement la continuité de son aile occidentale.

Alors vous me répondrez que l’Europe tient désormais plus de l’albatros, aux lourds problèmes psychomoteurs, que de l’aigle romain. C'est vrai! Il n’en demeure pas moins qu’entre son aile orientale un peu autoritaire et son aile occidentale très libérale, avec une Union européenne mi-figue mi-raisin au beau milieu, il y a comme une continuité et une logique unificatrice qu'il serait bon d'assumer un jour.

Comment ça je suis un doux rêveur. Pas vraiment car quand je rêve, je me mets à rappeler cet héritage familial indo-européen aussi bien aux Iraniens qu’aux Indiens histoire que l’on puisse un jour tous se tapoter sur le ventre entre cousins. Aussi, éveillé, je me contente d’une maison Europe capable de réunir les pavillons qu’elle s’est bâtit à l’Est comme à l’Ouest de son domaine.

Mon prof n’a pas aimé le moins du monde européen mes petits arguments fédérateurs. Il m’a mis 8 sur 20. Encore un russophobe qui n’a pas compris que nous avons vocation à nous bâtir un destin commun depuis Washington jusqu’à Moscou.

En attendant que mes rêveries prennent forme, c’est tout de même avec tristesse que je constate le retour des démons qui saisissent périodiquement l’Ours russe. Cette capacité à la maladresse post-hibernation ainsi qu’à l’isolement bougon.

Car si on ne peut qu’être pour la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes et par conséquent favorables à ce que le peuple Ossète, descendant de l’antique peuple Scythe, tout comme à ce que le peuple Abkhaze, puissent s'autodéterminer, où est l’intérêt à long terme d’une mise au pas aussi brutale de la Géorgie. J’avoue que si je comprenais la nécessité de frapper la Tchétchénie, non pas que je leur nie le droit à l’autodétermination mais pour la seule raison que leur combat n’est pas uniquement celui de l’indépendance puisqu’il s’inscrit également dans celui du djihad, ce dont les dirigeants tchétchènes doivent assumer les conséquences, je ne comprends vraiment pas l’intérêt de frapper la Géorgie.

Qui menace-t-elle ? Personne, étant donné qu’elle n’est même pas en mesure de menacer sérieusement ses propres régions sécessionnistes. Sérieusement, sur ce coup-là, on a vraiment l’impression d’un ours russe qui pour avoir une si petite bite, en est réduit à sodomiser un lapin géorgien. À qui le tour ? C’est minable !

Au moins aussi navrant que l’absence de réaction de nos prétendus hérauts occidentaux de la démocratie et des droits de l’homme. Décidément, la « maison commune » a comme du plomb dans l’aile Est.

SILjenistsin

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