mardi 2 octobre 2007

UNE VULGAIRE ROTHSCHILD


Petit retour sur mes vacances estivales, passées cet été à La Baule. Comme le temps était pourri, nous nous arrêtâmes, ce matin-là chez Ar Poul Gwen, la meilleure crêperie de la bordure externe de la Galaxie. En attendant que les succulentes crêpes complètes au chèvre (une nouveauté) arrivent, je me suis plongé dans le magazine « La Baule + » que l’on trouve en libre-service « à chaque coin de rue ».

Après un intéressant article de Claude Alègre sur les questions climatiques, mon regard s’est trouvé happé par une photo de Madame Rothschild Nadine et l’accroche d’une interview devant servir à la promotion de son livre « Les hommes de ma vie ». Vous me pardonnerez encore une fois mon goût pour le vulgaire. Mais c’était irrésistible. J’ai rigolé aux éclats quasiment tout le long de l’interview. Un sketch digne du grand Bigard.

Madame Rothschild Nadine commence par nous parler des hommes de sa vie. Nous apprenons qu’en plus d’Edmond, son défunt mari, tous les autres comptèrent beaucoup pour elle car dans ce grand escalier que fut sa vie « chaque homme que j’ai pu rencontrer m’a fait gravir une marche ». À commencer par le peintre Jean-Gabriel Domergue et son alter ego Charpini, un couple de travestis qui lui ont appris à être une femme et à monter l’escalier de la vie en séduisant les hommes. Aïe, Aïe, Aïe…

C’est là qu’une pause s’impose. Nadine, ma fille, permets-moi de t’appeler ma fille car là tu dérapes outrancièrement. Je te signale que tu portes tout de même un nom illustre et que par conséquent te voilà responsable de la réputation de ce nom. Or par ce genre de propos, tu déshonores le nom des Rothschild. Non mais est-ce que tu te rends compte ? Si la Loana du Loft avait tenu ne serait-ce que la moitié de tes propos que n’auraient pas dit toutes ces mauvaises langues ? Qu’il s’agissait là de propos dignes d’une Ribaude, ma fille !

Qu’est ce donc que cette histoire d’escalier où l’on entraîne des messieurs pour grimper à je ne sais quoi ? Qu’est ce donc ce ballet à trois avec des travestis. Il ne manque plus que la piscine du loft ma parole, avec un Jean-Édouard agrippé à la Loana et l’autre travesti de Stevee qui regarde ce couple faire grimpé l’audimat de M6. Fais attention tout de même, Nadine, ma fille. Ta particule prompte à impressionner tes boniches hispaniques et tes robes de Schtroumpfette ne te dispensent pas de tourner 7x77 fois ta langue dans ta bouche.

C’est comme pour la suite. Après les travestis qui t’auraient appris à séduire les hommes, voici que le pauvre grand Rabbin Kaplan est chargé de t’apprendre à conquérir la famille Rothschild puisque comme tu le dis, en parlant de cette famille Rothschild et de la communauté juive, « je me suis dit que j’allais (ainsi) la séduire » car « vous savez, lorsque vous entrez dans une famille telle que les Rothschild, il est très difficile de ne pas entrer aussi dans une communauté ». « Vous savez » ? Non, ma fille, je ne sais pas. Je crois juste comprendre que pour toi, au fond, tout ça n’est qu’un mascara de plus puisque le judaïsme et catholicisme « c’est la même religion » et que « je n’étais pas plus croyante en étant catholique que je ne le suis aujourd’hui en étant juive ». Tout n’est que séduction. Le fond importe peu. Qu’en pense le grand rabbin Kaplan de ces stratagèmes de Grande Séductrice et de cette absence de fond ?

Sauf si par fond des choses, on parle d’argent car à la question est-ce « une éducation que vous avez reçue avec la famille Rothschild », la Nadine répond non. Elle n’a visiblement reçu que de l’argent. « Les Rothschild sont des gens extrêmement généreux. Comme ils reçoivent beaucoup d’argent, ils savent aussi en donner. » Pour Nadine, Rothschild égal fric. Quelle vulgarité.

Après une dernière considération typologique d’une pathétique médiocrité, où la Nadine classe les hommes selon les catégories « beaux, charmeurs, playboys, artisans de beauté », vient le temps de femmes. Car la Nadine, là aussi, a des choses lumineuses à nous apprendre. Que les femmes valent plus qu’un « verre de Coca-Cola », qu’il faut savoir faire attendre un homme, qu’il faut savoir cultiver le mystère, ne pas se dévoiler selon l’adage voulant que « pour briller en société, faut savoir fermer sa gueule ». Une femme n’est d’autant plus belle que quand elle laisse son mari s’écouter parler. Magnifique. Oh, je ne te donne pas tort ma fille. Tu as raison d’apprendre aux cruches que de travailler le contenu ça ne sert à rien quand il suffit de maquiller le contenant pour arriver à ses fins.

Là où je ne te suis plus par contre, c’est dans tes délires talibans. Là, je cesse même de rire. Quand au lieu d’apprendre les bonnes manières à ces messieurs, en leur rappelant par exemple que les Grecs savaient admirer la sublime grâce d’une jeune fille disputant un 200 mètres haies, toute nue, sans pour autant vouloir lui sauter dessus, tu nous dis « je ne suis pas pour le nudisme, ni pour le monokini, je suis pour le mystère. » La bourkha, est-ce assez mystérieux comme ça ou pas assez ?
Ou bien encore que « c’est vrai, quand vous voyez des jeunes filles qui ont des piercings dans le nombril et le jean qui descend au-dessous des fesses, je dis que l’on peut comprendre qu’il y ait des viols… » Non, je ne comprends pas Nadine ! Le contrôle de soi, c’est juste bon à enseigner aux filles, c’est ça. Les hommes peuvent se lâcher.

Ça ne m’étonne pas va. Ta bienséance, n’est que la carcan dans lequel les femmes furent enfermées pendant des millions de générations. Des femmes mises à l’écart de l’éducation, la vraie, celle par le Savoir. Des femmes rendues étrangères à leur corps. Ce corps que l’homme a voulu corseter par peur de ne pas savoir se contenir, lui ! Des femmes dépouillées de leur plaisir, du désir de séduire nue, en string ou bien à la grâce soulignée par une magnifique robe de chez Yves Saint Laurent. Des femmes soumises au pouvoir des mâles et de ces matrones qui ont su trouver leur place en tant qu’auxiliaires de ce pouvoir. Un système de pouvoir, celui du plus fort sur le plus faible, où la bonne éducation n’est pas synonyme d’une discipline libératrice par le contrôle de soi, mais bien d’un dressage efficace au service de cette norme sociale et de ce pouvoir. Ce pouvoir que nos pères et nos mères nous enseignent si rarement à contrôler.

Je vois encore ce regard triste qui me touchait si souvent, lorsque enfant, je le croisais dans les escaliers d’une vie où elle se trouvait coincée. Un escalier que ma mère était chargée de nettoyer. Le regard de cette fleur flétrie, celui de celle qui resta ma jolie comtesse de Sevigny. Pour qui cette particule était la marque au fer rouge d’une appartenance à un nom, à un propriétaire. Je compris plus grand que ce regard voulait dire entre autres « l’amour courtois n’est qu’un mensonge.» « je rêvais d’une autre vie » Elle mourut quelques temps après. Et je vis moi, enfant, défilé dans cet escalier, le jour des funérailles, si peu de sentiments, de profondeur mais plutôt tant d’apparat, de convenances, de vulgarité.

La même vulgarité qui dégouline dans cette interview, où notre rombière nous bourre le mou avec ses salades. Incapable de rêver de quoi que ce soit d’autre, heureuse de se vautrer dans cette médiocrité dorée qui ne me séduit guère, de jouer les matrones d’un système qui lui va comme un gant. Ce qu’elle «avait besoin de savoir », elle l’apprit bien vite.

Plus besoin d’apprendre, d’avancer. Ah, cette médiocrité qui nous guette, riches ou pauvres. Peut-être un peu plus quand riches, cette médiocrité nous semble facile à vivre. Tout comme la misère est plus facile au soleil, la médiocrité semble plus douce sous l’oseille, bien qu’elle n’en soit que plus criante. Ce sont toujours les mêmes excuses. S’il y a du temps pour le Foot ou le Polo, les bars ou les cocktails, la Playstation ou le casino, Internet ou le peep-show, dans tous les cas, c’est marrant comment ce temps se fait toujours rare pour lire et nous éduquer. Nous semblons tous découvrir bien vite ce que nous « avions besoin de savoir ». Beurk !

Au final, sachez Madame que vos propos m’ont autant séduit que ceux qu’auraient pu me tenir certaines entraîneuses slaves dans des bars à bimbos. Rien ne m’a séduit chez vous. Ni votre maquillage, ni votre tunique que ma mère retrouvait chez certaines de ses consoeurs. Les gens tels que vous aiment bien refourguer à leur concierge espagnole, portugaise ou yougoslave, leur bourkha grande-marque et qui leur va aussi piteusement qu’à vous. Si ce n’était les chaussures qui dépareillent puisque les panards d’une gardienne sont rarement aussi fins que ceux d’une baronne, on ferait difficilement la différence. Beurk !

De toute façon est-ce bien étonnant qu’une demi-actrice ayant appris très tôt tout ce qu’elle avait besoin de savoir, ait une pensée à peine plus riche que celle d’une demi-mondaine…

Merci, tout de même, puisqu’à part votre conception de la féminité, digne d’un festaïr landais, vous m’avez bien fait rire. Notamment quand vous nous avouez aimer chanter l’Internationale sous la douche pour son côté entraînant. Ce qui a surpris le journaliste qui n’avais toujours pas compris à quel point vous aimiez ce qui entraîne.

Ou bien encore quand osez nous dire que vous avez découvert les Israéliens, tous autant qu’ils sont, avec toutefois une mention spéciale pour le séfarade, d’un vulgaire et d’un sans-gêne innommable. Askhenazes, Séfarades, Falashas, tous des shalalas. «Il ne faut pas oublier qu’une grande majorité des gens que l’on rencontre en Israël viennent de la Méditerranée ». Sans blague ! Si Nadine a été séduite par la communauté juive, sa communauté ou plutôt celle de son mari, elle ne l’a pas été par les Israéliens. Dis-moi Edmond, mon fiston, toi qui m’écoute d’où tu es, c’est quoi cette drôle de Goy que tu nous a ramené là, ma parole. Enfin. Allez comprendre.

Ou plutôt j’ai compris. Comme elle le dit si bien, Juif, Catholique, Mormon, Sunnite, Chiite, Suisse, tout ça c’est pareil tant que c’est riche et généreux avec elle. Dans le cas contraire, c’est vulgaire. Et Nadine de découvrir que les Israéliens comme bien d’autres juifs ne sont pas tous riches, oups, classieux. Merci ma Nadine, de démontrer à ta façon que l’on peut être juif et vulgaire, juif et pauvre, Israélien et méprisé par toi. Comme quoi dans toute insondable bêtise, on peut trouver la drôlerie et aussi un peu de sagesse. Tu me fais décidément penser à ces trésors de sagesse orientale qui se trouvent dans les contes de Nasredine Hodja.

Merci encore « La Baule + » pour cet article d’anthologie et pour l’accroche choisie. « Il faudrait apprendre aux gens à laisser tomber cette vulgarité ambiante que l’on retrouve malheureusement à chaque coin de rue ». Vous comprendrez cependant qu’après avoir pris ce journal dans un coin, puis pris le temps de parcourir autant de vulgarité, que je le conserve dans mes archives et ne le laisse aucunement tomber.

Et puisqu’on est dans « La Baule + », je me suis dit ce midi-là, à l’écoute de Kernews, la radio locale, que Nadine Rothschild serait sans doute un plus pour la radio bauloise. Je la vois bien en animatrice vedette de l’émission « les pipelettes ». Cette émission mièvre, spécialisée dans le commentaire de la largeur des places de parking et surtout dans l’état de propreté des WC des restaurant du coin. Beurk !

SIL, un vulgaire marrane.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

SIL,

Tu préfères passer un week-end en tête à tête avec Nadine de Rothschild, avec Geneviève Poirot (allias Madame de Fontenay) ou avec l'un de mes 2 chiens ?

Merci pour ta réponse,

Pierre ARCHAMBEAUD

SIL a dit…

Salut Pierre,

À vrai dire j’hésite. D’un coté, un w-e avec Nadine, c’est la poilade asurée. De l’autre, si Geneviève déboule chez toi avec ses jeunes copines, bonjour le w-e de folie… Comme par ailleurs je n’ai rien contre le fait de faire la fête à ton Texas, je me tâte.

À moins qu’histoire de me faire plaisir, t’invites chez toi l’une des plus belles constellations peuplant mon firmament noospherique. Elisabeth Badinter. Ce serait un w-e de rêve pour les yeux, les oreilles et l’esprit… Sachant que je me contenterai bien évidemment de Marie Drucker…

Ah, Marie, Marie, "Marie à tout prix"…

Mais faut que j’en parle à ma femme…

Anonyme a dit…

Comme disent nos AMIS Américains, "Don't Mess with Texas".
Pour Mme Poirot, ils ne disent rien.
Mais le Président US gracie tous les ans une dinde pour Noël ! C'est le "Thanksgiving".
Alors pour sauver Nadine tapez 1, pour sauver Ginette, tapez 2.

Pierre ARCHAMBEAUD