mercredi 2 avril 2008

L'IVRAIE-SSE AGRO-INDUSTRIELLE


Jusqu’au jeudi 3 avril, nos élus se pencheront à l’Assemblée nationale sur le cas des OGM. Un peu à la manière de ce délégué des céréaliers de l’Iowa au tout début du très intéressant documentaire « Le monde selon Monsanto » de Marie-Monique Robin-Food, diffusé le 11 mars dernier sur Arte. En mâchouillant des échantillons présentés par les lobbys, ils tacheront de déterminer non seulement le niveau exact de maturité du soja transgénique mais aussi l’état de maturité de notre société à les avaler.

Un documentaire qui cherche à démontrer que puisque Monsanto a menti sur les dangers de ses diverses productions depuis l'agent orange, les dioxines, les PCB, jusqu’aux hormones de croissance, Monsanto mentirait forcément sur les OGM en application de leur devise « ne jamais perdre le moindre dollar ».

Un documentaire qui montre également comment Monsanto tient les agriculteurs qui se jettent dans ses bras par les couilles et comment cette société cherche à étreindre les représentants de nos démocraties pour mieux nous étouffer. Représentants dont la mission première est, rappelons-le, de défendre l'intérêt général, de gouverner par le Peuple et pour le Peuple, comme le rappelle le sénateur UMP de la Manche Jean-François Le Grand et comme le promet au passage le candidat McCain dans son programme présidentiel. J’ai hâte de voir ce qu'il fera contre ces firmes et leurs lobbys si jamais il est élu.

En tout cas, chez nous le sénateur Le Grand se sent bien seul. Lors du débat au Sénat, début février, sur le projet de loi actuellement examiné à l’Assemblée sur la possibilité d’introduction des OGM, ses collègues n’avaient pas du tout apprécié qu’en qualité de Président du « Comité de préfiguration de la Haute Autorité sur les OGM », il ose exprimer des « doutes sérieux » sur le maïs transgénique Monsanto MON 810. Comme quoi une haute autorité n’est bien vue que quand elle fait preuve de peu d’autorité.
En plus des tentatives d’approche par Monsanto, il dut faire face à la colère de ses collègues dont il estime que certains « ont été actionnés » par des semenciers. Des « actionnés » pro-actionnaires qui parlent de science et de recherche « afin de défendre des intérêts mercantiles », « des intérêts économiques à court terme » et ce aux dépens de « l’intérêt sociétal », de la recherche scientifique et finalement du « devenir du monde ».

Un documentaire démontrant surtout qu'en démocratie s’il y a rarement des complots, il y a par contre beaucoup de cons-pleutres. Les informations sur Monsanto étant à la disposition de tous sur le Net mais aussi dans la Presse. Par conséquent s’il est de la responsabilité de nos représentants de défendre les intérêts du Peuple, il est de la responsabilité du Peuple de savoir si les OGM sont ou non une question suffisamment importante pour que les candidats qui portent ce combat soient élus et encouragés...

Et oui, encore une fois, la responsabilité est nôtre. En cas de catastrophe écologique, il sera difficile de dire que l'on ne savait pas et d'accuser les élus qui se fichaient pas mal de ces questions ou qui étaient motivés par des intérêts tout autres que publics.

Alors contrairement à ce que laisse entendre le docu, derrière chaque OGM ne se cache pas un Pokemon-santo. Les OGM ne sont pas que le fruit des cerveaux malades et autres arbres pourris de chez ce semeur de mauvaises graines puisque pas mal de chercheurs bien intentionnés fondent de légitimes espoirs sur les OGM. De même je me refuse à ce que nous ayons pour unique alternative, un choix entre la pureté des blés sauvages et le tout manipulable. En somme l’hystérie verte ou moisie, celle de certains activistes comme celle de certains « actionnés » ne me met décidemment pas en appétit.

Car désolé de rappeler encore une fois une évidence, mais bon comme depuis que nous sommes passés à l’ère du numérique la pensée semble être devenue binaire, avec plus de 0 que de 1, un peu de pensée analogique ne vous fera pas de mal. Car désolé de rappeler disais-je, que ce soit dans l’ingénierie ou dans l’industrie y compris alimentaire, il y a du bon grain comme de l’ivraie.

Oserais-je rappeler que l’ingénierie agricole de la révolution verte a permis de résoudre bien de problèmes de malnutrition pendant la période 1944-1970. Avec cette particularité toutefois que cette première révolution verte se faisait au nom de l’intérêt général, contrairement à la révolution OGM qui se fait au nom de profits privés. Éléments indiqués d’ailleurs dans le documentaire de Robin-Food.

Cependant, que l’on ne croie pas que je serais prêt à tout justifier au nom de l’intérêt général car il se trouve que depuis l’âge de dix ans, je sais que l’on peut provoquer des catastrophes végétales avec les meilleures intentions de la Galaxie. « Comment l’ais-je découvert ? »

Non pas en lisant pendant mes vacances scolaires un quelconque rapport d’un millier de pages sur les biotechnologies mais en regardant l’une de mes séries d’animation préférés de l’époque. « Jayce et les Conquérants de la lumière ».

Cette série raconte l’histoire de Jayce qui, aidé de ses amis Flora, Oon l’écuyer, Gilian le magicien et Herc le navigateur, parcourt l’Univers à la recherche de son père, le biologiste Audric, tout en combattant les Monstroplantes. En effet Audric, alors qu’il menait des expériences destinées à trouver de nouvelles plantes capables de vaincre la famine dans tout l’univers, a donné naissance aux Monstroplantes, une espèce mi-végétale, mi-animale, douée d’une intelligence prédatrice et dont le leader OGM s’appelle Diskor.

Une série dont une rumeur veut qu’elle aurait été financée par l’ancien groupe industriel chimique Rhône-Poulenc. Preuve, si la rumeur se révélait exacte, que des industriels savent rester lucides sur le technicisme et peuvent militer pour le principe de précaution.

Alors en attendant que notre Jayce Bové galactique trouve le moyen de détruire Diskor et ses Monstroplantes, puisque par ailleurs il n’est pas dit que nos représentants sachent tous séparer le bon grain industriel de son ivraie, qu'ils me laissent les motiver en leur chantant ce petit bout de refrain. « Qu’un sang impur abreuve nos sillons »…

Le sang impur de notre Révolution étant celui de la tyrannie, et puisque cette tyrannie peut prendre un visage industriel lorsqu’elle s’arroge un droit de vie et de mort sur le Vivant, que les tyrans sachent qu’ils pourraient être conduits à abreuver nos sillons avec tout autre chose que leurs graines pourries. D’ailleurs pour conclure sur le Documentaire « Le Monde selon Monsanto » je reste très interrogatif devant la réaction de ces paysans indiens ruinés par Monsanto, et qui préfèrent se suicider au Roundup plutôt que d’organiser une petite Jacquerie.

En attendant le jour où Monsanto récoltera les Jacqueries qu’il aura semées, que mes petits Pokemon-santo chéris sachent que je leur pisse à la raie, espérant ainsi aider à faire germer dans les sillons inter-fessiers de ces ronds de cuir industriels, quelques bonnes grosses hémorroïdes monstrueusement douloureuses. Ça leur fera un slogan gratuit, « Roundup, mon cul oui ! »

SILian le sourcier

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