samedi 5 avril 2008

NOUS SOMMES TOUS DES CH’TIS ALLEMANDS


Au même titre que votre humble serviteur qui en fan ultra des Fatals Picards, ne peut qu’exprimer un soutien proche de l’hooliganisme aux Ch’tis bafoués par les fachos du Kop Boulogne, samedi dernier lors de la finale de la coupe de la Ligue PSG-Lens.

D’ailleurs, je propose que les Fatals Picards composent à l’instar des USA for Africa un petit air afin de pouvoir mettre en musique le slogan proposé par le président de la ligue de football « Nous sommes tous des ch’tis. » Le tout Paris du showbiz étant d’ores et déjà invité à se joindre à cette manifestation, tous frais payés. The tout Paris for the Ch’tis. Un Ch’tilethon présenté par des ch’tars Ch’tis. De Jean-Pierre Papin à Jean-Paul Rouve, portant des ticheurtes « touche pas à mon Ch’ti, » sans oublier l’inénarrable Line Renaud qui portera le sien avec la mention « ne me touche pas. » Pas de soucis ! Au programme, de l’esthétisme, de l’émotion, du grandiose, du surjoué pour la Télé…

Cependant après avoir exprimé ainsi mon indignation comme mon chou’tien, j’avouerai qu’il y a quand même de quoi rire. Je n’ai pas arrêté de voir des serpents à sornettes qui se mordaient la queue dans cette histoire or j’ignorais à quel point ce spectacle ophidien pouvait être poilant. Allons-y persiflons, c’est si bon.

À commencer par mon Dany Boon que j’aime et que je soutiens comme on se doit de soutenir un triplement persécuté. Persécuté dans ses origines Kabyles paternelles par l’impérialisme arabo-islamique à l’œuvre en Algérie comme en France ; persécuté dans la tradition juive qu’il a embrassé en même temps que sa femme ; et persécuté maintenant en tant que Ch’ti par les fachos du PSG. La banderole des Boulogne Boys « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis » faisant référence à son film. Un film que j’ai adoré sans même l’avoir vu, c’est vous dire mon ultra-soutien, mais qui pose un drôle de problème. Il rend Dany Boon involontairement marrant.

En effet mon Dany le rouge-beterave se dit « révolté » que des supporters du PSG osent jouer de méchants clichés populairement admis sur les gens du Nord. Ce qui est embêtant quand on a soi-même réalisé un film intégralement basé sur de gentils clichés populairement admis sur les gens du Nord. Mais comme le diraient les Inconnus, tout comme « il y a le vrai chasseur et le faux chasseur », il doit y avoir le vrai cliché et le faux cliché.

Enfin, rien d’étonnant à ce comportement humain puisque même le sociologue taxera de stéréotypes les mauvais clichés qu’il entendra dans le cinéma populaire ou dans les bouches des milieux populaires tout en qualifiant de « typologies sociologiques » les bons clichés qu’il établira sur ces mêmes milieux populaires.

Mais ce n’est pas fini. Dans le genre je découvre la vie, ils sont nombreux ceux qui viennent visiblement de se faire déniaiser, s’agissant du foot. À commencer par tous « les footix », comme les appellent les supporters « historiques », tous ces bourgeons de bourgeois qui ont découvert le foot lors de la coupe du monde 1998 et qui vont au stade comme on va au théâtre depuis qu’ils trouvent ce sport hyper-hype. Un spectacle hyper-hype mais pas encore assez bienséant à leur goût. Que voulez-vous le bobo c’est comme les greluches, il ne pense qu’à transformer ce sur quoi il a jeté son dévolu.

Pour rester dans les footix et les bébés-bougeois, ne passons pas sur les écarquillement oculaires de notre presse bien-pensante. À l’exception de Libération qui trouve tout cela un peu « surjoué », il y a des césars de la meilleure indignation qui se perdent dans les mailles des filets de la banderole criminelle. Car comme le rappelle l’intéressant article « Mauvais films dans les stades », « Que s’est-il passé de plus grave samedi soir à l’occasion ou en marge de la finale de la Coupe de la Ligue entre le Paris Saint-Germain et Lens, au Stade de France ? La désormais fameuse banderole : «Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis» ? Où les agressions racistes et les jets de bière dont ont été victimes, à la station Saint-Michel, des passagers noirs du RER de la part de supporteurs du PSG qui poussaient des cris de singe ? »

Agressions qui sont monnaie courante et qui ne semblent pas avoir mobiliser, ni les moyens des Experts Manhattan, ni ceux de la presse, ni les associations antiracistes.

Experts que l’on n’a pas beaucoup entendu non plus s’agissant du comportement haineux des supporters marocains à l’occasion du match « amical » France-Maroc, le 16 novembre dernier au Stade de « France ». Tout un stade globalement aux couleurs du Maroc, qui non seulement sifflait la marseillaise mais pire conspuait comme d’autres le feraient pas écrit, une question de culture, les joueurs français infidèles, tout en applaudissent les joueurs musulmans. Ça n’a choqué personne. Enfin si, ça n’a choqué que le Canard enchaîné. Rien du côté du MRAP, de la LICRA ou de SOS-RACISME. Bernard Laporte prétendant même n’avoir rien entendu. Par contre il sait lire une banderole, c’est déjà ça. Comme quoi Le fascisme blanc est décidemment bien plus visible ou audible. Il laisserait même des traces ADN.

Pour tout dire, cela ne m’étonne pas que seul les petits gars de chez Libé trouvent tout cela un peu « surjoué ». Je me rappelle en effet que c’est un journaliste de Libération qui m’a fait découvrir les Fatal Picards.

Ce soir-là, avec ma femme, nous étions invités à dîner chez un couple d’amis. Elle, prof comme ma femme. Lui journaliste chez Libé, pas vraiment comme moi qui me suis retrouvé à ce dîner le seul non prof comme le seul non journaliste. C’est marrant, cela dit en passant, comment les journalistes de gauche semblent aimer se marier avec des profs. Une forme d’endogamie sociale et idéologique pour ne pas dire de gauchanguinité. Bref, le dîner se passe très agréablement jusqu’au moment où notre hôte décide de nous faire écouter « Goldorak est mort » des Fatals Picards, juste après du Britney Spears histoire que l’on puisse admirer la ligne de basses sur son morceau « Toxic ». Là-dessus, un ami du maître de maison, journaliste à Télérama, se tourne vers un collègue de celui-ci, journaliste comme lui chez Libé, pour lui signifier sur un ton moqueur que les Fatals Picards c’est un peu la seule chose que le Nord ait produit de bien depuis le charbon. S’ensuit un échange de vannes dignes du joyeux monde de l’Ovalie, jusqu’au point Godch’tin, notre hôte finissant par conclure l’échange d’un « à part des pédophiles et des chômeurs, le Nord ne sait rien produire d’autre ».

« Si des betteraves et des journalistes à Libé » ais-je rétorqué. Moralité de l’histoire, on sait rigoler dans les cercles bien-pensants de la gauche médiatique.

Volontairement comme involontairement puisque lundi matin, j’ai éclaté de rire à l’écoute de je ne sais plus quelle radio, au point d’avoir failli m’étouffer avec mon Van houten. Info n°1 l’affaire de la banderole. Info n°2 « affaire Fourniret, l’assassin pédophile des Ardennes ». Bravo messieurs de la radio, accoler une banderole infamante à une affaire où le suspect d’actes pédophiles vient du Nord, était plus ou moins chômeur au moment de faits et aurait été victime des penchants consanguins de sa mère, fallait le faire.

Fallait le faire, tout comme le « nous sommes tous des Ch’tis » de Frédéric Thiriez, le président de la ligue de Foot, avec ses petits airs de tireur tout droit sorti de la série les Brigades du Tigre. Encore une couleuvre qui se mord la queue. Mieux que les footix découvrant le foot il y a le président footeux qui porte plainte avant de s’apercevoir qu’il est pénalement responsable en tant qu’organisateur de l’événement et qui s’adonne à du footage de gueule en faisant fi de découvrir qu’une bonne partie des fidèles supporters, qui non seulement remplissent les stades mais aussi les caisses de sa fédération, adorent la guerre des mots immondes.

Notamment les supporters de Lyon et de Saint-Étienne. Après une banderole lyonnaise en 1995 indiquant « Stoppez les essais nucléaires à Mururoa faites-les à Saint-Étienne » puis une autre en 2000 proférant un « nos ancêtres inventaient le Cinéma quand vos pères crevaient dans la mine », les Stéphanois répondent avec un « fiers d’être fils de mineurs » et un autre tifo mentionnant « pendant que vos pères inventaient le cinéma, les nôtres niquaient vos mères ». La réplique lyonnaise ne se fait pas attendre. « Évacuation des estafettes : vos mères nous manquent déjà » en référence aux opérations de police visant à déloger les prostituées lyonnaises du quartier de la Perrache. La réponse Stéphanoise arrive elle en mars 2007 « La chasse est ouverte... tuez les tous » ou encore « Ne laissez pas souffrir ce Lyon blessé… abattez-le! » Un échange qui se poursuit en août dernier avec un « Stéphanois ordures consanguines ». Truculent n’est-ce pas ?

Les matchs OM-PSG étant également des sommets de culture ; « Bienvenue en France » ou encore « Si l'Amazonie est le poumon de la terre, Marseille en est le trou du cul » sont le genre de messages de bienvenue que les supporters parisiens adressent aux marseillais quand leur équipe joue à domicile. Des trous du culs qui visiblement excitent les ultras marseillais. « Oh Parisien, on va niquer ta mère, oh Parisien, on va tous vous tuer », « PSG : Pédo Sado Gay »…

Mais ne croyez pas que nos amis Ch’tis sont en reste. Le Lillois et les Lensois s’aiment d’un amour fraternel. Même la très romantique Gwen-la-lensoise verse dans la haine anti-lilloise tout en niquant ces racistes du PSG. Et oui, nos Ch’tis s’offrent chacun leur tour des « T’es chômeur, tu pues, tu bois, t’es un supporter lensois (ou lillois) » ; « Les supporters lensois sont des personnes au nez rouge et aux dents jaunes ! », « L'été dernier, j'étais avec ta soeur. Je faisais l'acteur »… Le genre de phrase qui mettrait notre Zidane en boule.

Bref que du neuf pour le président de la Ligue. Pas pour notre Président, l’homme du 3e kop parisien, le Kop Présidentiel, qui en amateur de foot business à l’anglaise veut mettre fin à ces manifestations cathartiques qui parfois, avouons-le, font beaucoup de bien à nos cerveaux reptiliens.

Prions toutefois que ce soit avec autre chose que de l’hystérie médiatique, des slogans d’hooligans bourgeois dignes de certains tifos outranciers. Car personnellement, mon sang s’est glacé lorsque le sourd mais pas aveugle Bernard Laporte a déclaré vouloir « éradiquer ces gens-là des stades ». Limite haineux, non ?

En attendant, la suite donnée à la plainte « pour incitation à la haine raciale » m’a bien fait rire également. Expliquant qu’il était impossible de définir racialement un Ch’ti, cette qualification n’était pas recevable. Pire que l’insulte ethnique, voici la négation ethnique. Une négation appuyée par mon Word qui s’évertue depuis le début de ce billet à souligner le mot Ch’ti, qu’il ne reconnaît lui aussi visiblement pas. Pourtant il me semble que la réserve des Ch’tindian natives est aussi clairement délimitée que n’importe quelle autre réserve indienne.

De quoi saisir la HALDE, il me semble? Quoique vaut mieux pas ! Son président Louis Schweitzer, étant de plus en plus mal placé pour donner des leçons. L’entreprise Renault qu’il a dirigé entre 1992 et 2004, vient d’être reconnue coupable de discrimination raciale envers deux salariés employés chez Renault de 1971 à 2003 pour l’un et 1983 à 2004 pour l’autre. C’est ballot ! Alors responsable mais pas coupable ?

Plutôt marrant comme serpent qui se mord la queue non ?!?

Quoique pour revenir aux supporters du PSG, il y en a une bien rigolote qui les concerne aussi. Comment cela se fait-il que des petits fachos, pour qui l’endogamie et la pureté consanguine sont un projet politique, s’attaquent aussi violement aux supporters d’une Région où le front National fait ses meilleurs scores et qui a mis Jean-Marie Le Pen en Tête du Premier Tour des présidentielles 2002. Si ce n’est pas se mordre la queue, ça aussi...

Tiens, histoire de me mordre le noeud un petit coup comme tout le monde, à partir de quel pourcentage de vote FN ais-je le droit de confectionner une petite banderole traitant les Ch’tis de fachos ou plutôt de fach’tis ?

SILtherin

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