samedi 13 octobre 2007

APHREURISME MARSEILLAIS


Moins d’impôts et de fonctionnaires pour quoi ?
Pour augmenter un soi-disant pouvoir d’achat.
Le pouvoir d’engraisser la Finance ou les Chinois.
J’en veux pas ! Je me fous de la Finance et des Chinois.
Je préfère la Santé, la Culture, l’Ecole, la Sécurité, l’Etat…

SIL Rougerie

Mon bon maître Jacques Marseille, qui ferraille dare-dare contre les fonctionnaires, l’impôt et l’Etat, a toujours été un bon petit fonctionnaire. Il a toujours servi fidèlement et aveuglement les idées au pouvoir. Il a même appris très tôt à le faire puisque, si ma mémoire est bonne, il est fonctionnaire depuis ses études supérieures effectuées à l’école Normale Sup. Etudes gracieusement rémunérées par l’impôt. Elément expliquant sans doute qu’il débuta en tant qu’historien classiquement marxiste quand le marxisme était en Chaires. Cela ne dura qu’un temps puisque les temps changent comme tout les –ismes à la mode.

Dans les années 80 il devint historien d’obédience socialiste. Faut savoir obéir à l’obédience en place. Comme il nous l’expliquait lui-même, pour réussir à la Fac, « faut savoir faire la carpette ». Il y réussit très bien.

Sur ce, arrivent les années 90. Le socialisme se meurt et l’alternance donne le tournis. Mon bon maître ne sait plus sur quel pied danser. Un coup sur le pied droit. Un coup sur le pied gauche. Un coup il nous explique, en cours de DEUG, « que la France produit suffisamment de richesses pour verser une rente à chaque citoyen », « qu’il vaut mieux vivre d’investissements boursiers que du travail ». Ce sont les années où il sort « La France travaille trop » (Albin Michel 1989) et « Lettre ouverte aux Français qui s’usent en travaillant et qui pourraient s’enrichir en dormant » (Albin Michel 1992).

Le cours d’après, il partage avec nous un concept se voulant drôle. Celui de « géronticide ». Soi-disant que les trente glorieuses favorisaient le travail et les investissements productifs grâce à l’inflation tueuse de dettes et de rentes. Jamais les actionnaires et les rentiers n’y avaient si peu gagné. Alors que depuis les années 80, l’inflation favorise ceux qui vivent du capital, soit les vieux et les rentiers. Du coup pour relancer l’économie il faut que les vieux claquent pour que la rente circule. Une réminiscence de son bouquin paru en 1983 « Vive la crise et l’inflation ». Ça ne nous a pas fait rire.

Devant le bide de son humour morbide, il change son fusil d’épaule et nous explique la fois d’après, à nouveau, que la France est belle, ses fonctionnaires, ses vieux et ses rentiers magnifiques. C’est à peine s’il ne nous propose pas un giga partouze dans l’amphi N de la fac de Tolbiac. Ce mec est cyclothymique me dis-je alors. Devant l’air séduit, imprimé dans nos yeux d’ados attardés et d’étudiants médiocres, il se dit qu’il y a un marché pour cette idée. Il sortira en 1993 « C’est beau la France ».

Je le retrouve en Maîtrise. Et là je sens comme un changement. Je ne sais pas si c’est la déprime ou l’alternance mais le discours a changé. Il n’y croit pas encore tout à fait mais il essaie. En séminaire, après nous avoir envoyé acheter du sauciflard, du pain, du vin et du fromage, il nous apprend comment spéculer à la hausse et à la baisse. En même temps il nous dit qu’il faut travailler. Que lui-même ne dort que 4 heures par nuit et qu’il bosse le reste du temps. Que c’est difficile parce que le monde de la Fac est sclérosant, les fonctionnaires pas beaux et que les syndicats ça mange les petits enfants. Qu’il y a rien de tel que le monde de l’entreprise.

Je comprends surtout que depuis qu’il fait sponsoriser par le beau monde de l’entreprise les activités de son Association pour le Développement de l’Histoire Economique, qu’il a décidé de devenir un bon petit fonctionnaire, non pas de l’honorable pensée politique libérale, mais plutôt du libéralisme économique. C’est tout Jacques. Jacques adore les –ismes, adore passer d’un excès à l’autre, d’une caricature à l’autre. Pour ce faire, plus Rhétoricien qu’Historien ou Economiste, Jacques manie les chiffres avec brio. Il sait leur faire dire tout ce qu’il veut. Il sait même leur faire faire « la guerre civile ».

Oh, je n’ai rien contre. Après tout, Jacques met enfin en accord ses idées avec ses actes. Quand par exemple il n’hésite pas à faire plancher sur ses travaux toutes ces petites mains étudiantes ou en contrat précaire. Surtout qu’il continue. Qu’il propose à l’Université de devenir vacataire, de transformer son poste d’emploi Public et contrat de droit privé. Il parait que pour Jacques, c’est la nouvelle panacée. « Des fonctionnaires de haut niveau recrutés sous contrat privé avec comptabilité patrimoniale et obligation de résultats ». Il pourra ainsi rendre des comptes sur son activité, son patrimoine, être soumis à des objectifs et à l’évaluation. Il pourra ainsi faire enfin des cours de qualité plutôt que de tester ses dernières lubies sur ses étudiants.

Blagues à part qu’il se rassure, en bon élève, je reste d’accord avec mon maître sur bien des points. Il y a sans doute beaucoup trop de fonctionnaires où ils ne servent à rien et pas assez là où ils seraient utiles, sur le terrain, ce qui produit en effet « une dilution des responsabilités qui crée une irresponsabilité généralisée » chez tous ces hauts ronds-de-cuir.
La faiblesse « des syndicats, alliée à leurs divisions, les conduit à une surenchère verbale qui n’aide pas à résoudre les crises que traverse le monde du travail, mais contribue en revanche à développer chez les Français une culture de l’amertume et du ressentiment ».
« Quand comprendra-t-on enfin que la dépense keynésienne est facteur d’inégalité ? Que les ouvriers sont les premiers perdants dans le système de retraites et de santé actuel parce qu’ils cotisent pour les riches ? Que les aides aux entreprises vont à celles qui n’en ont pas besoin ? Que la recherche française fonctionne mal parce que l’Université n’est pas assez sélective ? »

Y a pas à dire, sur bien des points de fond, je suis d’accord avec lui. C’est sa mauvaise foi et son peu de sérieux qui m’agaceront toujours. Comme quand il prend exemple sur nos cousins du Nord ou sur ces pays « fabuleux » tels que le Portugal ou la Nouvelle-Zélande, pour nous vendre la privatisation des services publics sans à aucun moment nous dire combien cela a coûté à ces Etats. Car de remplacer des fonctionnaires public par des fonctionnaire privés cela a forcement un coût, non ? Faut bien les payer, non ? Il serait bon de nous indiquer combien de contrat privés ont remplacer les contrat publics. Car j’ai du mal à croire que le ministère de l’emploi néo-zélandais en passant de 28000 fonctionnaires à un seul, son ministre, fonctionne sans même une secrétaire de contrat privé. Sérieux, c’est pas que j’aime pas qu’on me bourre le mou mais quand même. Faudrait plus me prendre pour un étudiant en DEUG. Je veux tous les faits pour me faire une idée.

Faudrait aussi que Jacques comprenne qu’un bon fonctionnaire se doit de servir l’Intérêt Général et non pas sa petite carrière. Faudrait aussi qu’il arrête de se la péter économiste. Il est Historien. A moins qu’il en ait honte. Pourtant c’est bien Historien...

Pour conclure, comme je ne change pas mes convictions, moi, qu’elles resteront éternellement démocrates, sauf maladie mentale impromptue, allez donc lire la prose de mon bon maître chez JCDURBANT, mon petit camarade extreme-centriste.


SIL Rougerie

2 commentaires:

Nina a dit…

Non mon grand Sil savoureux...Ton Cantat chéri ne montrera pas sa tête de repenti amoureux, désolé d'avoir trop aimé...Non...Il vivra et même très bien de sa musique triparde...Il enregistrera en studio avec son groupe et continuera à gagner un max de blé sans jamais se balader sur des plateaux téloche...du moins dans un premier temps...MOUARF !
Le fric a des vertus chimiothérapesques et ce petit pourri verra ses enfants grandir pas Marie...
Mais il paraît que c'est nous (des gens comme toi et moi) qui ne comprenons pas la douleur de Cantat hein...
Il y a plein de gonzesses qui meurent sous les coups des hommes et meurent dans l'anonymat...Marie a eu du bol : le public était là pour le deuil c'est déjà ça...
Tu sais qu'il serait capable de nous pondre un super morceau ce naze ? Que tout le monde étudiera mot après mot pour déceler sa "douleur à lui" et qui parlera de son crime...sniff...sniff...et que ce con finira par retourner le public ???
Tiens...J'lui file les 3 premières rimes de son futur tube :
" Les murs gris de ma prison jamais ne me quitteront,
Ton absence me brise chaque seconde
Et je ne peux que prononcer ton nom Marie..."
Les djeunes vont adorer, les fillettes jeter leurs culottes pour ce grand incompris de Bertrand...

Anonyme a dit…

A propos de Jacquo Marseille...

Lycéenne, je me croyais de gauche; étudiante j'étais sceptique, actuellement j'ai compris qu'il s'adaptait à la politique histoire de toujours rester près de la caméra et dans les petits souliers de nos hauts fonctionnaires et dirigeants...

Je l'ai rencontré en vrai quand je travaillais pour une grande école nationale...Il venait consulter des rapports économiques et avaient sûrement une tandynite au doigt car appuyer sur le bouton de la photocopieuse lui était insurmontable...

Mais moi, ado attardée...je n'ai pas répondu à ses caprices...Dautres plus dociles sen sont chargés...

Moi aussi je trouve qu'Historien c'est un métier sympa...mais c'est pas sexy en ce moment...