mercredi 18 décembre 2013

Tranche de vie métropolitaine : lâcher de Roms à béquilles


Mercredi matin, station Réamur-Sébastopol. Avec ma Chérie, nous quittons une rame de la ligne 3 et nous nous dirigeons vers les quais de la ligne 4. Dans le couloir, une vingtaine de mètres devant nous, se trouve un habitué de celui-ci. Un vieux Gaulois qui se lève tôt pour faire la manche. 

Soudain, parmi la foule qui se presse dans le couloir, nous sommes  dépassés par un Rom à béquilles au léger boitillement, visiblement pressé, lui aussi, d’aller au travail. Il passe devant le vieux Gaulois sans même un regard. Le vieux Gaulois lui jette un œil avec une mine renfrognée, de celles que l’on offre aux gâche métier. Je me tourne vers ma mie et lui dit : «en matière de mendicité, voici la différence entre l’amateur et le professionnel». 

Elle n’a pas fini de rire qu’un deuxième, puis un troisième Rom à béquilles, nous dépassent. Je remarque là aussi que la boiterie n’est pas encore assurée. J’indique à ma chère et tendre que nous nous trouvons de toute évidence face à des Roms en plein échauffement. Dieux que c’est beau d’assister aux préparatifs d’athlètes de haut niveau. 

Après les couloirs, nous nous engouffrons dans un train partant en direction de la Porte d’Orléans. Trente minutes plus tard, nous descendons de la rame et retrouvons nos Roms susvisés. 

Cette fois-ci, c’est nous qui les dépassons. Le rythme de la claudication est enfin réglé, lentement mais surement, avec des spasmes soigneusement travaillés. Leur journée de travail va pouvoir commencer, et la nôtre aussi…

SILgano

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