samedi 23 juin 2007

LES MOUTONS DE PAGUS


Satanés payouzes. Ouais. Putain de pécores ! À quoi cela peut-il bien servir que je m’use les sabots à semer un peu de bouse dans ce monde de bourges, si c’est pour que vous me salopiez tout le travail en vous comportant en blédards de la pire espèce.

C’est quoi cette idée que vous avez eu de vouloir lapider l’écrivain Pierre Jourde et toute sa famille, tout ça parce qu’en brillant fils de paysans, il eut l’idée de croquer dans son roman « Pays perdu » certains portraits de son pays cantalou. Je parle ici des habitants de Lussaud, petit village du Cantal, qui mécontents d’un livre écrit par un enfant du pays, un livre les décrivant avec une acidité détartrante, se sont mis dans la tête l’idée de lui faire la peau. Une peau de bête.

Oh, ce n’est pas que je nourrissais quelque illusion que ce soit sur certains de mes aspects pécores mais quand même, je m’y fais très bien, moi, à l’idée de rappeler à une certaine pensée bourgeoise que sans l’énergie déployée par tous les bouseux montés à Paris, leur capitale comme leurs autres bourgs se seraient déjà étouffés dans leur graisse depuis bien longtemps. Non je ne me suis jamais fait d’illusions. J’ai d’ailleurs toujours fait la différence entre la bonne bouserie et le pécorisme. Développons.

Là où la bonne bouserie est une certaine idée de la solidarité, de la communauté, de l’hospitalité, le pécorisme est un communautarisme exclusif, une emprise dictatoriale. Là où la bonne bouserie est un certain goût de l’effort, du concret, le mépris du blabla, le pécorisme est le culte de la seule force, la haine de toute innovation, des idées comme du dialogue, pécorisme aidé sans doute en cela par notre bon Clergé qui pour vivre suffisamment comme ça dans l’éthéré absolu nous permet de nous en dispenser. Oui, rien n’est sans défauts, et s’il s’agit pour moi de masser ici la cellulite de la pensée flasque, propre au dogme bourgeois, avec ma vigueur toute rustaude, il ne s’agira jamais d’en faire un nouveau prêt à penser, un dogme pécoriste acceptable.

Je rigole d’ailleurs assez souvent à la face de ceux qui s’y essayent quand ils nous avancent par exemple que les violences urbaines sont le fait de ruraux déracinés, arrachés aux systèmes de solidarité pacificateurs. C’est bien une pensée de gars de la ville, tiens. Le bon pécore en bon sauvage. Mort de rire. Comme si dans nos bleds, ne s’étaient jamais produits ni razzias, ni charivaris, ni violences faites aux filles des villages d’à côté. Comme si les solidarités villageoises avaient empêché dans un pays aussi rural que le Rwanda, que des voisin Hutus exterminent leurs voisins de case Tutsis. Non, l’Eglise n’a jamais réussi à pacifier la force titanesque de l’Esprit de Pagus. C’est notre force. C’est aussi notre malédiction.

SIL qui pense à Pierre Jourde et à sa famille par pure solidarité bouseuse et esprit urbain.

Illustration : illustre théoricien du pécorisme et membre de ma famille.

Aucun commentaire: