mercredi 21 mai 2008

HISTOIRES D’EUPHEMISMES : ISLAM ET ISLAMISME


Il paraîtrait qu’il existe une différence entre islam et islamisme. C’est cette fois-ci mon cher et respecté Alain-Gerard Slama qui m’assena cet euphémisme tactique hier matin dans sa chronique de 7h55 pour France culture. Un euphémisme qu’il intégrait dans une analyse où l’objectif était le combat contre le terrorisme islamique.

Ayant les idées larges et ne souhaitant pas de procès, même pas d’intentions, je suis bien évidemment disposé à le croire. Mais à ce moment-là, pourrait-il m’expliquer les différences entre bouddh et bouddhisme, christian et christianisme, hind et hindouisme, tao et taoisme, shinto et shintoisme ?

Par contre si je puis le croire, je ne puis le penser. Outre le fait que comme le résume si bien Anne-Marie Delcambre, « entre l’islam et l’islamisme, il n’y a pas de différence de nature mais de degré», je ne suis pas certain qu’en terme de stratégie, même si je vois bien où mon Alain-Gerard veut en venir, cette rhétorique nous (nous, c’est tout le monde) garantisse la victoire contre le fanatisme islamique.

Effectivement, ce qui est recherché dans cette distinction est le moyen de désolidariser les musulmans de leurs intégristes en attaquant l’intégrisme tout en évitant d’insulter la croyance et par conséquent les croyants.

Or il se trouve que non seulement on s’appuie là sur un mensonge, puisque le coran et le Mahomet des fanatiques est le même que celui des simples croyants, ce qui à long terme n’est jamais productif, mais que l’on n’aide en rien les croyants à prendre du recul par rapport à leur croyance, à penser cette croyance.

À cet effet je rappelle que les philosophes de lumières ne tapaient pas uniquement sur les curés, sur les christianistes, mais aussi sur le christianisme. Car de taper seulement sur les christianistes, on savait déjà ce que cela donnait.

Et oui quand on tape sur les curés et leur chef cela donne le protestantisme. En libérant de l’institution, on ne libère pas forcément de la croyance. On libéralise juste la croyance. Par contre quand on canarde le christianisme, on crée les conditions de recul nécessaires à l’exercice de la raison. On crée un espace de pensée en dehors du dogme, un espace laïc où brille comme le disait Descartes "la lumière naturelle de la raison", par opposition à celle de la foi. En fin de compte on libère, on permet de penser sans empêcher par ailleurs de croire.

Aussi de la même façon, c’est en tapant sur l’islam que l’on arrache les musulmans à la soumission, que l’on embrasse et réveille ainsi la belle houri à l’oued dormant, que l’on crée les conditions pour qu’ils se détachent non seulement des fanatiques mais surtout du dogme à l’origine de ce fanatisme.

Par contre, on ne le dira jamais assez, il faut bien évidemment faire la différence entre islam et Islam comme on fait la différence entre christianisme et chrétienté, en somme entre les idées et les hommes.

SILim ibn Alouf

Aucun commentaire: