Bon, je vous avouerai qu’en allant voir « World War Z » je m’attendais au pire, sur plus d’un plan d’ailleurs. Appréhension qui n’aura fait qu’accroitre l’agréable impression qui me saisit au début du film. Car force est de constater que cette histoire démarre plutôt bien.
Voici un film catastrophe autour d’une maladie que le génie scientifique du film présente non pas comme le fruit du cerveau malade d’un homme mais comme la toute dernière création d’une Mère Nature qu’il décrit comme une salope doublée d’une incurable sociopathe ; génie qui finira, non pas avec un prix Nobel, mais avec un Darwin Award. Voilà qui est politiquement incorrect. J’adore.
Mais aussi une histoire avec des gouvernements, ou décapités, ou incompétents, quand ils ne font pas preuve d’une veulerie bureaucratique particulièrement affligeante ; des humains peu dignes de survivre ; sans oublier des Juifs échappant à la thèse du complot mais pas à la catastrophe malgré la mise en œuvre de la théorie du dixième homme (à découvrir dans le film) ; ou encore la femme du héros en caricature de l’exécutive woman, contente d’avoir un mari à la maison à qui elle peut donner des ordres à la con, mais totalement incapable d’assurer en pleine crise si ce n’est, là encore, pour donner des consignes à la con («chéri, pourrais-tu te garer sur le bas côté de la route, alors que nous fuyons des zombis enragés, histoire de rassurer ta fille en pleine crise d’asthme, tout ça parce que je ne voudrais pas tomber dans le cliché de la femelle maternante?» – consternant).
Et puis le héros. Brad Pitt. Un ancien enquêteur de l’ONU terriblement affecté par ce qu’il a vu quand il enquêtait sur les crimes contre l’humanité au Libéria ou en Tchétchénie, mais demeurant incroyablement doué pour l’adaptation, la survie, les enquêtes et le sauvetage du Monde.
C’est à partir de là que le film tourne au grand n’importe quoi et que l’histoire se met à courir dans tous les sens tel un zombi enragé, ce qui m’a laissé penser que le film a finalement succombé à la maladie qu’il présentait. Je sais bien que le leitmotiv du film est « le mouvement c’est la vie », on a tout de même l’impression, à voir Brad Pitt courir dans tous les sens, et tous ces zombis s’agiter un peu partout, que trop de mouvement tue le mouvement…
Histoire de revenir à notre héros, figurez-vous que Brad Pitt, avec ses faux airs christiques, sauvera le monde, en trois jours à peine, après en avoir fait le tour, échappé maintes fois à la mort, et avoir tout compris mieux que tout le monde. Eh oui ! Il y a des mecs comme ça qui…
Une observation qui aura l’avantage de répondre à cette question que vous êtes nombreux à vous poser. Que fait Brad Pitt dans un tel registre, celui des films d’horreur ? En fait il y a méprise. « World War Z » devenant, au fur et à mesure, bien plus une comédie dramatique qu’un véritable film d’horreur, un registre comique dans lequel Brad Pitt s’est déjà longuement illustré, on peut dire que notre Bradounet poursuit dans la lancée.
Ah ! J’oubliais. J’aurais un dernier petit grief à faire aux créateurs. Avant « World War W » je n’avais pas peur des zombis. Je me disais qu’il fallait être encore plus mou que notre président pour se faire attraper. Ce qui n’est plus le cas avec les zombis 2013. Du coup, maintenant, j’ai peur des zombis. C’est malin ! Je ne vous félicite pas !
Les cahiers du SILnema
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